Festivals, La Scène, Musique de chambre et récital

Dix bougies pour le festival Elne Piano Fortissimo

Plus de détails

Instagram

Festival Elne Piano Fortissimo. Elne. Cathédrale. 19-VII-2015. Franz Schubert (1797-1828) : Quatre impromptus D899 ; Claude Debussy (1862-1918) : Estampes ; Franz Liszt (1811-1886) : Harmonies poétiques et religieuses (extraits). Vanessa Wagner, piano.

Instagram

DSC_0472 Vanessa WagnerLe festival Elne Piano Fortissimo, porté par l'énergie et l'enthousiasme de Michel et Nicole Peus, fête ses dix ans, et autant d'artistes internationaux venus exercer leur talent sous les voûtes de l'impressionnante Cathédrale d'Elne, dominant la plaine roussillonnaise.

L'édition 2015 s'ouvre avec le récital de célébrant un double anniversaire : celui de Scriabine d'une part (1872-1915) – dont la pianiste a mis à son répertoire l'intégrale des dix Sonates –, et celui du Génocide arménien d'autre part (1915), avec les compositeurs R.P. Komitas, Aram Katchaturian, Arno Badadjanian et Geoges Saradjian, dont elle joue les œuvres en seconde partie de soirée.

C'est à qu'il revient de boucler cette 10ème édition avec un programme exigeant qu'elle donne sans entracte, enchaînant avec une impeccable concentration Schubert, Debussy et Liszt.
Les quatre Impromptus D899 sont du dernier Schubert, souverain dans l'art du clair-obscur autant que sublime dans l'épure expressive. D'emblée le jeu profond et habité de dans le très bel « Impromptu en ut dièse mineur » capte notre écoute. Sa digitalité légère et brillante dans le second en mi bémol majeur nous séduit, conférant une fluidité sans entrave à l'arabesque virtuose parcourant tous les registres du clavier. Le troisième numéro, d'une touchante simplicité, fait apprécier le jeu sensible et chaleureux de l'interprète, qui fait chanter la ligne mélodique avec beaucoup de naturel et d'élégance. Une même aisance dans le trait virtuose et un élan fougueux font avancer le discours dans le quatrième Impromptu, prenant toute son envergure dramatique sous les doigts zélés de la pianiste.

Subtilité, sensibilité et suggestion sont autant de qualités inhérentes au jeu de lorsqu'elle aborde le piano de Debussy. Moins jouées que les Préludes, les trois Estampes n'en sont pas moins des chefs-d'œuvre évoquant « tout un monde lointain ». Charme japonisant et pentatonisme ambiant : le dépaysement est immédiat dans « Pagodes », qui semble écrit pour le touché raffiné et délicat de notre pianiste. Elle avive les couleurs et les nervures rythmiques de « la Soirée dans Grenade », suscitant une pâte sonore plus chaleureuse. D'une virtuosité lisztienne, « Jardins sous la pluie » est éblouissant, baigné de poésie et de joie enfantine dans l'interprétation lumineuse et très enlevée de l'interprète .

Revenir à Liszt en dernière partie de concert est une excellente idée, le compositeur de Weimar se situant musicalement aux frontières du romantisme et de l'impressionnisme. Inspiré par le recueil éponyme de Lamartine, les Harmonies poétiques et religieuses, dont nous entendons cinq des dix numéros, participent des pages les plus profondes et inspirées du compositeur, travaillant alors au côté de Carolyne Sayn-Wittgenstein. Le lyrisme généreux et la fulgurance du geste très investi de l'interprète donnent d'emblée – « Invocation » – l'envergure sonore et la dimension orchestrale du piano lisztien embrasant tout l'espace de résonance. Beaucoup plus intimiste et d'une tendresse infinie sous les doigts de l'interprète, « l'Hymne de l'enfant à son réveil » (sixième numéro) est une page pleine d'émotion jouée dans la transparence et les registres clairs du piano. D'une belle éloquence, « Cantique d'amour », qui termine le cycle, ramène progressivement l'emphase expressive et les déploiements sonores spectaculaires dont Vanessa Wagner, impressionnante, communique le jaillissement et les riches textures harmoniques. On est sidéré par la puissance galvanisante de son jeu et l'ampleur de la résonance qu'elle fait naître sous un geste apparemment serein et toujours magnifiquement contrôlé. Le récital s'achève dans une plénitude sonore euphorisante qui soulève l'enthousiasme d'un public comblé !

(Visited 366 times, 1 visits today)

Plus de détails

Instagram

Festival Elne Piano Fortissimo. Elne. Cathédrale. 19-VII-2015. Franz Schubert (1797-1828) : Quatre impromptus D899 ; Claude Debussy (1862-1918) : Estampes ; Franz Liszt (1811-1886) : Harmonies poétiques et religieuses (extraits). Vanessa Wagner, piano.

Mots-clefs de cet article
Instagram

0 commentaires sur “Dix bougies pour le festival Elne Piano Fortissimo”

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Reproduire cet article : Vous avez aimé cet article ? N’hésitez pas à le faire savoir sur votre site, votre blog, etc. ! Le site de ResMusica est protégé par la propriété intellectuelle, mais vous pouvez reproduire de courtes citations de cet article, à condition de faire un lien vers cette page. Pour toute demande de reproduction du texte, écrivez-nous en citant la source que vous voulez reproduire ainsi que le site sur lequel il sera éventuellement autorisé à être reproduit.