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Musicales de Colmar : carte blanche à Marc Coppey

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Colmar. Théâtre municipal. 15-V-2015. Claude Debussy (1862-1918) : Quatuor à cordes en sol mineur op.10. Maurice Ravel (1875-1937) : Trio en la mineur. Quatuor Takács ; Liana Gourdjia, violon ; Marc Coppey, violoncelle ; Peter Laul, piano.

Colmar. Église Saint-Matthieu. 15-V-2015. Joseph Haydn (1732-1809) : Quatuor à cordes en do majeur op.76 n°3 « L’Empereur ». Maurice Ravel (1875-1937) : Histoires naturelles, cinq mélodies sur un texte de Jules Renard. Ernest Chausson (1855-1899) : Chanson perpétuelle pour voix, quatuor à cordes et piano op.37. Franz Schubert (1797-1828) : Quintette en la majeur D.667 « La Truite ». Quatuor Takács ; Anna Reinhold, soprano ; Charlotte Juillard, violon ; Alexander Zemtsov, alto ; Marc Coppey, violoncelle ; Niek De Groot, contrebasse ; Peter Laul, piano.

MCoppeyUne semaine intense de musique de chambre au milieu des beautés d'une petite ville alsacienne : voilà ce que propose, depuis 63 ans maintenant, le festival des Musicales de Colmar.

Les Musicales de Colmar ont une longue histoire. Seul festival de musique de chambre en Alsace, légataire spirituel, si l'on peut dire, de l'ancien Concours international d'interprétation de Colmar, ces Musicales ont acquis, au fil des ans, leur légitimité artistique, grâce à une programmation des plus soignées. C'est d'ailleurs bien la grâce de ce festival de parvenir à concilier un haut niveau d'interprétation, et un ancrage local : les concerts, toujours assez courts, se succèdent à bon rythme, disséminés dans les églises des villages environnant Colmar, mais principalement abrités par le théâtre municipal d'une part, qui est une petite salle à l'italienne du XIXe siècle, joliment restaurée, et d'autre part, l'église Saint-Matthieu – un temple protestant en réalité, un lieu qui porte la marque des douloureuses péripéties de la guerre de Trente Ans. Autant de foyers de musique qui connaissent, pendant ces quelques jours de mai, une effervescence inaccoutumée.

Le directeur artistique du festival, le violoncelliste , est pour beaucoup dans la réussite de la formule. Sa ténacité et son inventivité, ainsi que, chose peut-être rare chez un musicien de renommée mondiale, son dévouement, permettent au festival de tenir bon, en ces périodes où chaque subvention est un combat, et où les soutiens se font rares – « struggle for life », dirait Darwin.

Pour les invitations, carte blanche est laissée cette année à . De son choix de faire venir des musiciens qu'il a côtoyés au cours de sa carrière, avec pour seule consigne un généreux « quod libet », il résulte un programme varié, et assez neuf dans ses rapprochements. Rapprochement d'œuvres, grâce à la souplesse du format des concerts, qui n'interdit pas que se succèdent des formations à la géométrie contrastée. Mais rapprochement d'artistes, surtout, avec la belle idée de mêler deux catégories de musiciens trop souvent tenues éloignées l'une de l'autre : celle des « gens d'expérience » (le , , etc.), et celle des « noms à retenir » (la violoniste , ou la soprano , pour ne citer qu'elles). En somme, seul aura manqué, cette année, l'habituel tribut à la création contemporaine.

, dans cet univers qu'il façonne, endosse ses différents rôles avec grâce et naturel : musicologue, lorsqu'avant que chaque concert ne débute, il prend la parole pour présenter au public, en quelques mots enjoués, les œuvres du moment musical qui va suivre – sympathique rituel, qui vaut mieux que toutes les notes de programme réunies – ; pater familias, quasiment, auprès des musiciens, ses collègues, amis, ou élèves qu'il a fait venir du monde entier et qui se réunissent, à l'occasion du festival, souvent pour la première fois ; violoncelliste, est-il besoin de le dire, lorsqu'il prend sa place parmi eux pour bâtir tantôt le trio, tantôt le quintette, et parfois même l'octuor ; chef d'orchestre, enfin, au moment de rappeler tous les instrumentistes invités, et d'autres encore, pour les fondre en un « orchestre du Festival » – dont nous n'avons pu, hélas, entendre la prestation pourtant prometteuse.

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Le public, dans un festival ainsi conçu, se doit d'être assidu, car les deux lieux principaux, le théâtre et l'église, ont chacun leur alchimie. Les mêmes interprètes peuvent s'y produire avec un bonheur variable ; c'est le cas du , dont le Debussy, par un effet d'acoustique propre au théâtre sans doute, paraît mat, touffu, manquant de vie, tout au contraire du quatuor « L'Empereur » de Haydn, dont les quatre musiciens livrent, à peine quelques heures plus tard à l'église Saint-Matthieu, une interprétation mémorable. Vivacité, finesse, noblesse du ton – voilà les qualités du , telles que les voûtes gothiques les auront mieux mises en valeur.

Il n'en va pas de même pour le Trio de Ravel, dont l'interprétation par au violon, au piano, et Marc Coppey au violoncelle, est cette fois servie par le cadre du théâtre. La proximité entre les interprètes et l'audience a pour effet de rendre à la musique sa dimension palpable, physique, et donne à voir ce qu'aucun enregistrement ne peut transmettre : la bataille pour le son, la sueur dépensée, et enfin le plaisir de la difficulté vaincue. Et si « La Truite », contrairement à « L'Empereur », semble un peu pâtir du grand volume de l'église, si quelques passages manquent de relief, cela n'empêche pas de goûter la remarquable contribution de . La violoniste, qui, malgré sa jeunesse, est déjà super-soliste de l'orchestre de Strasbourg, emmène le quintette avec un aplomb, une aisance, et une justesse d'intention qui lui promettent, à n'en point douter, une grande carrière.

Colmar a tout à gagner, soulignons-le, à poursuivre l'aventure des Musicales. Actuellement, la survie du festival repose sur le dévouement d'une équipe de bénévoles, fiers que leur ville accueille cet évènement unique. Il reste à espérer que sa notoriété croissante l'ancre toujours plus solidement dans les mœurs musicales françaises et, pourquoi pas, européennes. Ces Musicales le méritent.

Crédit photographique : en haut, Marc Coppey © marccoppey.com
au milieu, concert à Saint-Matthieu (de g. à dr. : , , Marc Coppey, Niek De Groot, ) © Michel Spitz

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Colmar. Théâtre municipal. 15-V-2015. Claude Debussy (1862-1918) : Quatuor à cordes en sol mineur op.10. Maurice Ravel (1875-1937) : Trio en la mineur. Quatuor Takács ; Liana Gourdjia, violon ; Marc Coppey, violoncelle ; Peter Laul, piano.

Colmar. Église Saint-Matthieu. 15-V-2015. Joseph Haydn (1732-1809) : Quatuor à cordes en do majeur op.76 n°3 « L’Empereur ». Maurice Ravel (1875-1937) : Histoires naturelles, cinq mélodies sur un texte de Jules Renard. Ernest Chausson (1855-1899) : Chanson perpétuelle pour voix, quatuor à cordes et piano op.37. Franz Schubert (1797-1828) : Quintette en la majeur D.667 « La Truite ». Quatuor Takács ; Anna Reinhold, soprano ; Charlotte Juillard, violon ; Alexander Zemtsov, alto ; Marc Coppey, violoncelle ; Niek De Groot, contrebasse ; Peter Laul, piano.

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