Clarinette et piano par Lorenzo Coppola et Andreas Staier
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Paris. Amphithéâtre de la Philharmonie. 19-IV-2015. Johannes Brahms (1833-1897) : Sonates pour clarinette op.120 ; Arnold Schoenberg (1874-1951) : 6 petites pièces pour piano op. 19 ; Robert Schumann (1810-1856) : Fantasiestücke op.73 ; Alban Berg (1885-1935) : 4 pièces op. 5. Lorenzo Coppola, clarinette ; Andreas Staier, piano.
Ce programme viennois pour piano et clarinette fut du plus vif intérêt. On a pu y vérifier l'intérêt des instruments « historiques » pour le répertoire de la fin du XIXe siècle, et même du XXe.
Les trois instruments utilisés, qui ne viennent pas du Musée de la musique, sont présentés en français par les interprètes. Lorsque Brahms s'enthousiasma pour le clarinettiste Richard Mühlfeld et lui écrivit ces merveilles que sont le Trio, le Quintette et les Sonates pour clarinette, entendait-il le son doux et mat, comme tamisé que Lorenzo Coppola tire de son instrument de 1864, du modèle Baermann-Ottensteiner… modèle que Mühlfeld avait en effet adopté ? On ne peut pas le savoir. La différence est grande, en tout cas, avec le confort du son de clarinette qu'on connaît aujourd'hui, ne serait-ce que par une jointure entre les registres beaucoup plus audible. Mais, comme sur la clarinette de 1820 utilisée pour les Fantasiestücke de Schumann, la palette de couleurs est enrichie par la fréquente possibilité d'utiliser ou non les clefs. Le piano choisi par Andreas Staier est un Blüthner de 1859, aux splendides graves.
L'opus 120 de Brahms : d'onctueuses volutes, un chant splendide et tendre – mais ici, du rubato très rhétorique, des foucades, des climats plus variés qu'à l'ordinaire. Si on essaie d'analyser cette lecture toujours inattendue, on peut dire qu'elle est aussi verticale qu'horizontale, du fait de la transparence sonore des deux instruments, de leur manque d'éclat aussi, et qu'elle souligne la richesse harmonique au point parfois de la brouiller. Il serait injuste, cela dit, de ne pas souligner toute la beauté de cette interprétation.
Avant de jouer l'opus 19 de Schoenberg, Andreas Staier en souligne la proximité chronologique et « affective » avec Brahms. Quel concentré de Wagner, plutôt, en quelques gouttes ! L'instrument, « ancien » pour cette pièce de 1911, se prête à une lecture subtilement colorée et finalement plus chaleureuse que sur un piano moderne. Les miniatures pour clarinette et piano de Berg sont également d'admirables pièces. Et quelle finesse de sonorité chez les deux interprètes ! C'est un plaisir d'entendre qu'on peut donner sa poésie et sa noirceur à cette musique sans recourir à une violence fracassante. C'est un bel exemple qui suffirait à justifier l'intérêt d'une démarche historiquement informée pour des répertoires aussi récents.
Les Fantasiestücke, enfin : trop entendu, sur tous les instruments possibles ? Les passages virtuoses n'avaient ici rien de mécanique, et, ne fût-ce que pour la luminosité du premier morceau, il valait la peine de l'entendre au sein de ce superbe programme.
Crédits photographiques : Andreas Staier © Alvaro Yanez
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Paris. Amphithéâtre de la Philharmonie. 19-IV-2015. Johannes Brahms (1833-1897) : Sonates pour clarinette op.120 ; Arnold Schoenberg (1874-1951) : 6 petites pièces pour piano op. 19 ; Robert Schumann (1810-1856) : Fantasiestücke op.73 ; Alban Berg (1885-1935) : 4 pièces op. 5. Lorenzo Coppola, clarinette ; Andreas Staier, piano.