Plus de détails
Besançon. Temple Saint-Jean. 18-04-2015. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Cantate BWV 29. Avec : Caroline Michel, soprano ; Françoise Rebaud, alto ; Sahy Ratianarinaivo, ténor ; Alain Lyet, basse. Ensemble vocal Contre Z’ut (chef de choeur Alain Lyet) et Orchestre Victor Hugo Franche-Comté, direction : Michel Brun.
Dans le cadre des nombreuses propositions pédagogiques de ses saisons, l'Orchestre Victor Hugo Franche-Comté invite, pour la cinquième année, Michel Brun. L'homme est un fondu de Bach.
Comme Bach… Ainsi s'intitule la manifestation. Tout a commencé à Toulouse. Jean-François Verdier, l'actuel chef de l'OVHFC, y a rencontré Michel Brun. Ce dernier navigue entre enseignement et direction d'orchestre mais est surtout animé par une passion pour le Cantor de Leipzig telle qu'il lui a dédié un « décoiffant » festival intitulé Passe ton Bach d'abord et l'idée folle de donner à entendre l'intégrale des 200 Cantates sur 25 ans (enclenché en 2006, le compteur affiche aujourd'hui 65)!
Ce qui se joue à Besançon est tout autre: quatre fois par an, Michel Brun, irradié par la moindre note de Bach, décortique une heure durant (cette fois 1h20, l'homme, sûr et maître de ses effets, devenant de plus en plus disert), une cantate avec autant d'érudition décomplexante que d'humour bienveillant devant un public chaque année plus nombreux. Le cantor des temps modernes qu'est Michel Brun conclut la leçon par un apprentissage public du choral final, pour lequel l'assistance se joint au choeur (comme au temps de Bach) à la fin d'une deuxième partie proposant l'exécution intégrale de la cantate. Emotion garantie.
Cette 19ème édition est éblouissante : l'élue est la Cantate 29 Wir danken dir, Gott. Une cantate politique à la gloire des élus municipaux, où, avec force entregent, le librettiste a adapté pour édiles sortants et rentrants quelques vers originellement dédiés à Dieu. Bach a mis le paquet : trompettes, timbales et orgue sont du voyage. L'occasion, rare pour les Bisontins, d'entendre l'orgue du Temple St Jean.
Passée une salutaire semonce en direction de l'intégrisme calviniste qui, à Coethen, empêcha Bach de composer des cantates d'église alors qu'il pensait que la musique était la plus belle façon de prier, Michel Brun, l'œil luisant d'impatience, nous emmène par l'oreille dans l'architecture merveilleuse d'une cantate si belle que Bach la réutilisera à deux reprises pour son opus ultime la Messe en si.
Deux choeurs de la région se partagent l'exercice où, comme pour l'OVHFC (et son organiste Mickaël Parisot devant courir du grand orgue au positif!), souplesse et réactivité sont de mise. Ce soir c'est l'ensemble Contre Z'ut qui exprime à la perfection la puissance de mise du choeur initial, avec une prime pour la brochette de soprani à la pureté pugnace . Le choeur est renforcé pour l'occasion par quelques chanteurs qui s'en échapperont pour les soli où la virtuosité de Bach n'épargne personne. On retiendra tout particulièrement la solidité paisible du jeune ténor Sahy Ratianarinaivo ainsi que le touchant soprano de Caroline Michel.
Ce qu'on emporte avec soi et pour longtemps, c'est la passion solaire d'un homme qui conclut, après moult informations historiques, théoriques, musicologiques du plus haut niveau, par l'évidence : « Bach, c'est beau. »
Crédit photographique: Chloé Stiefvater
Plus de détails
Besançon. Temple Saint-Jean. 18-04-2015. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Cantate BWV 29. Avec : Caroline Michel, soprano ; Françoise Rebaud, alto ; Sahy Ratianarinaivo, ténor ; Alain Lyet, basse. Ensemble vocal Contre Z’ut (chef de choeur Alain Lyet) et Orchestre Victor Hugo Franche-Comté, direction : Michel Brun.