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Lyon. Opéra. 08-IV-2015. Anne Teresa de Keersmaeker, Drumming live, avec le Ballet de l’Opéra de Lyon. Chorégraphie : Anne Teresa de Keersmaeker. Musique : Steve Reich, Drumming. Scénographie et lumières : Jan Versweyveld. Costumes : Dries Van Noten. Direction musicale : Georges-Elie Octors.
L'entrée au répertoire du Ballet de l'Opéra de Lyon de l'étourdissant Drumming d'Anne Teresa de Keersmaeker, créé en 1998, sur la musique répétitive envoutante de Steve Reich est un nouveau pas vers l'excellence jubilatoire.
La chorégraphe flamande s'est ingéniée depuis sa première pièce en 1982, Fase, déjà de Steve Reich, à « trouver des équivalences chorégraphiques aux lignes mélodiques », en lovant son vocabulaire dans l'univers minimaliste du compositeur américain, tout en respectant des lignes inspirées par le calcul du nombre d'or. Quand une première danseuse, drapée dans une chemise orangée, fil rouge de la pièce, décompose le premier mouvement des marimbas et des bongos, ce sont des bras lancés vers le ciel, des mouvements qui se brisent en touchant à peine le sol, bientôt rejoints par des tourbillons d'autres danseurs, investissant la scène comme touchés par la grâce, emportés dans la transe que la répétition des mouvements rythmiques engendrent crescendo. Dans le fond, les musiciens arrivent et repartent en miroir, offrant un second ballet au ralenti : les deux percussionnistes de l'Ensemble Ictus accueillent ceux du CNSMD de Lyon, aux côtés de Gilles Cottin, flûtiste de l'Opéra de Lyon, puis le son survient quand deux choristes les accompagnent et que les danseurs émettent des cris tribaux.
Les douze danseurs de l'Opéra, huit femmes et quatre hommes, se retrouvent tous ensemble dans des courses effrénées suivant des spirales au cordeau, s'effleurant et décollant du sol en grands jetés sidérants. Des portés masculins en duo, des mains tendues délicatement vers le public sont autant de ponctuations éphémères dans cet essaim virevoltant de virtuoses épousant à ravir ce flux tendu de brisures maîtrisées, caractéristiques de l'écriture devenue culte d'ATDK. Les costumes de Dries Van Noten redoublent la fluidité des trames, les mousselines soyeuses à dominantes blanches, sont frôlées par le feu de la danseuse orangée, dont la chemise devient rouge pour la seconde partie et est abandonnée pour le final en faveur d'un blanc immaculé, comme si le bénéfice de la transe était la possibilité de se métamorphoser en ange.
Drumming est un hymne intemporel à la danse enlaçant la musique, la magnifiant par des propositions esquissées dans des plans et des directions multiples. A partir d'un seul motif rythmique, une spirale d'énergies naît d'un chaos parfaitement orchestré, donnant de la beauté une vision vivifiante. Ici l'alchimie opère, réjouissante.
Crédits photographiques : © Stofleth
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Lyon. Opéra. 08-IV-2015. Anne Teresa de Keersmaeker, Drumming live, avec le Ballet de l’Opéra de Lyon. Chorégraphie : Anne Teresa de Keersmaeker. Musique : Steve Reich, Drumming. Scénographie et lumières : Jan Versweyveld. Costumes : Dries Van Noten. Direction musicale : Georges-Elie Octors.