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Le festival du Printemps des Arts de Monaco prenait son envol 2015 avec un bonheur mitigé à cause d'un concept de programmation plus conceptuel que pertinent.
Le printemps des Arts de Monaco est la porte d'entrée vers la saison des festivals et le repère des mélomanes et de journalistes qui tentent de fuir le froid et la pollution des grandes villes. Si le beau temps n'est pas toujours au rendez-vous, la programmation sort toujours des sentiers rebattus et Marc Monnet, agitateur d'idées et directeur artistique, n'est pas en reste pour étonner le public… avec des hauts et des bas ! En effet, manquant d'une puissante ligne directrice et de cohérences stylistiques, l'affiche de ce week-end d'ouverture tirait dans tous le sens.
En ouverture du festival, et en présence de la Princesse de Hanovre, Marc Monnet proposait une confrontation entre François Bayle et Jean-Sébastien Bach. Vétéran de la musique électroacoustique et acousmatique Bayle offrait, au Musée océanographique, deux premières mondiales intitulées Deviner-Devenir/1 et 2. Cependant, cette musique accumulait tous les poncifs d'une modernité qui eut son heure de gloire il y a quelques dizaines d'années. Passées les vingt minutes d'électroacoustique, le public rejoignait, à pieds, la cathédrale pour une interprétation de la Passion selon Saint-Jean par une équipe de haute volée : la Petite bande dirigée par l'un des papes de l'interprétation baroque Sigiswald Kuijken. Menant ses troupes dans un geste ascétique centré sur la pure essence musicale, le musicien portait cette Passion vers les sommets musicaux. Il était aidé en cela par des chanteurs exceptionnels : Stephan Scherpe, Stefan Vock, Minna Nyberg et Lucia Napoli. Au final, la soirée paraissait déséquilibrée tant la portée universelle de Bach écrasait les vains sons de la musique de François Bayle.
Fidèle partenaire du Printemps des Arts, l'Orchestre philharmonique de Monte-Carlo, dirigé par le brillant Jean Deroyer, affrontait un programme sans trop de logique composé de deux des compositeurs honorés cette année : Franco Donatoni et Jean Sibelius. En courte ouverture du concert, Jean Deroyer et ses musiciens monégasques proposaient Voci de Donatoni. L'interprétation toute en précision du chef galvanisait les dynamiques et les contrastes même si cette musique sonne passéiste, boursouflée même à certains moments. Changement de registre avec les Océanides et la rare Symphonie n°3 de Jean Sibelius. Jean Deroyer s'y faisait narratif tant dans l'évocation maritime des Océanides que dans la dentelle de la Symphonie n°3. On sentait tout de même l'orchestre un peu bridé, un manque de répétitions sans doute, pris dans un planning de production chargée (avec en même temps un Don Giovanni sommet de la saison monégasque). Au final on ressortait avec une sensation étrange d'un concert aux œuvres mal assorties qui se desservaient le unes par rapport aux autres.
En clôture de ce week-end, les festivaliers rejoignaient la salle Prince Pierre du Grimaldi Forum pour un bond dans le temps de Bach et ses contemporains à deux créations contemporaines. Deux ensembles étaient sollicités : l'Ensemble Cairn et son chef Guillaume Bourgogne et l'ensemble Stravaganza. Si le scénario était attrayant, l'expérience du concert rendait le concept peu convaincant. La faute à deux créations tristounettes de Gérard Pesson (en mode automatique) et surtout de Gilbert Nouno (en carence absolue d'idées) et à un répertoire baroque intimiste de Reinken, Bach et Buxtehude assez austère. Le tout s'avérant fort long. On retiendra surtout la qualité technique des musiciens de l'Ensemble Cairn alors que ceux de l'Ensemble Stravangaza manquaient de charisme.
Le festival se déroulera encore sur trois autres week-end et l'on espère qu'il prendra un rythme de croisière plus satisfaisant.
Crédits photographiques : Virginie Maigné/DR
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