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Paris, Auditorium du Louvre, 11-III-2015. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Trio n°5 en ré majeur op. 70 n° 1 « Les Esprits » ; Dimitri Chostakovitch (1906-1975) : Trio n° 2 en mi mineur op. 67 ; Antonín Dvořák (1841-1904) : Trio n° 4 en mi mineur op. 90 « Dumky ». Plamena Mangova, piano ; Natalia Prischepenko, violon ; Sebastian Klinger, violoncelle.
Trois Trios, de Beethoven, de Chostakovitch et de Dvorák, trois œuvres de caractère très différents interprétés par trois musiciens dotés d'un très fort caractère.
On connaissait Plamena Mangova, excellente pianiste bulgare, vive et véhémente ; on connaissait aussi Natalia Prischepenko, ancienne violoniste du Quatuor Artemis – qu'elle a quitté en 2012 – au jeu précis et ardent. En revanche, on ne connaissait pas aussi bien (du moins en France) Sebastian Klinger, jeune violoncelliste munichois porté par un grand souffle. Tous trois forment un trio de choc – ils ont déjà enregistré ensemble le Deuxième Trio de Chostakovitch – pour proposer un moment musical véritablement intense.
Leur interprétation des « Esprits » de Beethoven est un affrontement, ce n'est aucunement une fusion harmonieuse. Les trois caractères se heurtent et rivalisent (mais sans aucune précipitation dans le tempo) pour engendrer quelque chose de plus ample, de plus sublime, comme pour symboliser la vie de Beethoven : au delà des luttes, il y a la sublimation de l'art.
Ils poussent cet affrontement au paroxysme dans le Trio n° 2 de Chostakovitch. Au début, le violoncelle joue les longues notes sans aucun vibrato, avec un son quelque peu « acide », puis le violon reprend la séquence avec un peu de vibrato, de façon plus lyrique. Déjà, ce face-à-face est frappant, mais la suite l'est encore plus : entre l'« Andante » initial, calme mais inquiétant, et l'« Allegro con brio », d'une agressivité acerbe mais merveilleusement contrôlée, il y a un monde, de même qu'entre le « Largo » divinement silencieux et l'« Allegretto » de nouveau agressif mais plus cadré. Le contraste entre ces quatre mouvements est spectaculaire et brillant, et nous impressionne profondément.
Les trois musiciens continuent dans le jeu des diversifications et des contrastes avec Dvorák, mais dans le registre « folklorique » : ces éléments populaires sont cuisinés à toutes les sauces : salée, sucrée, piquante, aigre-douce, relevée, épicée, onctueuse… Les coups d'archet de Natalia Prischepenko sont tour à tour secs, doucereux, stridents, et même « collants », bref, extrêmement virtuoses, tandis que ceux de Sebastian Klinger sont en général plus lyriques et plus généreux. Et Plamena Mangova, en authentique musicienne, assume sa partie avec lucidité et intelligence, proposant des nuances toujours appropriées, le tout reposant sur une technique plus que sûre. Décidément, c'est un vrai trio de choc, capable de passer par tous les états, on ne le répétera certainement jamais assez.
Crédits photographiques : Astrid Ackermann
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Paris, Auditorium du Louvre, 11-III-2015. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Trio n°5 en ré majeur op. 70 n° 1 « Les Esprits » ; Dimitri Chostakovitch (1906-1975) : Trio n° 2 en mi mineur op. 67 ; Antonín Dvořák (1841-1904) : Trio n° 4 en mi mineur op. 90 « Dumky ». Plamena Mangova, piano ; Natalia Prischepenko, violon ; Sebastian Klinger, violoncelle.