Le label russe Melodiya édite un plantureux coffret en hommage au chef d'orchestre russe Dimitri Kitaenko, récipiendaire 2015 du Prix pour l'ensemble de la carrière des International Classical Music Awards.
Les chefs russes sont souvent limités à leur répertoire national. Dimitri Kitaenko, à qui l'on doit des cycles Chostakovitch et Prokofiev majeurs, n'est pourtant pas un musicien qui se contente des facilités et il aime défricher des horizons négligés.
Dans les années 1970, il est l'un des jeunes chefs soviétiques en plein ascension. En 1976, il est désigné à la direction musicale de la Philharmonie de Moscou, à la suite du grand Kirill Kondrachine. Le musicien explore alors un répertoire plutôt inusité à Moscou : des œuvres baroques, italiennes et le romantisme allemand alors qu'il donne, en première audition soviétique : la Symphonie n°8 de Gustav Mahler. Ce généreux coffret rend justice à cet explorateur musical stylistiquement aussi à son aise chez Puccini ou Brahms. Certes, les solistes, chœurs et orchestres sonnent plutôt « russes », mais le chef sait alléger les masses et travailler les textures. La lecture de la Messa di Gloria de Puccini est foncièrement exemplaire ; de même que les petits bijoux de la Suite de danse d'après Couperin de Richard Strauss.
Du côté du répertoire russe, le coffret reprend deux immenses succès du chef : une lecture noire et tendue de la Symphonie n°10 de Dimitri Chostakovitch, ainsi que l'une des plus grandes interprétations des Cloches de Sergueï Rachmaninov.
Ce coffret est une pierre angulaire dans l'art de l'interprétation et pour l'histoire de la vie musicale à l'époque soviétique.