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Paris. Opéra Bastille. 09-III-2015. Charles Gounod (1818-1893) : Faust, opéra en cinq actes sur un livret de Jules Barbier et Michel Carré d’après Goethe. Mise en scène : Jean-Romain Vesperini. Décors : Johan Engels. Costumes : Cédric Tirado. Lumières : François Thouret. Avec : Piotr Beczala, Faust ; Ildar Abdrazakov, Méphistophélès ; Jean-François Lapointe, Valentin ; Damien Pass, Wagner ; Krassimira Stoyanova, Marguerite ; Anaïk Morel, Siebel ; Doris Lamprecht, Dame Marthe. Chœurs de l’Opéra national de Paris (Direction : José Luis Basso). Orchestre de l’Opéra national de Paris, direction : Michel Plasson.
Ce Faust à la Bastille est sauvé de la banalité par le chef d'orchestre Michel Plasson, brillant à la baguette.
Il ne s'agit pas de réduire ce Faust à l'idée banale qu'on ait voulu faire du neuf avec du vieux. On retrouve l'immense bibliothèque imaginée par Johan Engels en 2011 pour la production de Jean-Louis Martinoty. Cette production est expurgée de la débauche d'attirails assez inutile qui peuplait ce décor dans la première mouture du spectacle. L'Opéra de Paris a confié les rennes de cette reprise à Jean-Romain Vesperini, formé à bonne école auprès de Peter Stein, George Lavaudant et Luc Bondy. On mesure la difficulté qui fut la sienne de garder certains éléments de la production de 2011 pour les amalgamer à d'autres, en apparence plus sobres et peut-être plus homogènes. Comme on pouvait s'y attendre, le résultat laisse apparaître des moments d'intérêt inégal. La bibliothèque se borne à délimiter l'espace scénique ; tout juste est-on surpris de la voir tantôt s'écarter, tantôt se resserrer autour des protagonistes. Que ce soit le bureau de Faust, le bar, le bosquet ou le cercueil sur l'affut de canon, on se demande parmi tous ces éléments qui se succèdent, lequel fait sens avec ces omniprésentes rangées de livres…
Œuvre de répertoire par excellence (2665e représentation à l'Opéra de Paris !), le Faust de Gounod a créé parmi les générations d'auditeurs des attentes spécifiques en termes de codes interprétatifs… quitte à oublier l'infinie désuétude du livret et la componction finale à la sauce Second Empire. On ne trouvera guère de lien avec les déclarations de Vesperini, situant Faust en personnage du XIXe siècle, perdu dans une entre-deux guerres qu'il ne comprend pas et qui le laisse à l'écart. Tout l'opéra ne serait en fait qu'une vision hallucinée succédant à l'absorption du poison au début. Peu importe également de voir débarquer Mephisto en prêtre sulpicien ou bien ce déchaînement démoniaque qui tient autant de la soirée arrosée que de la danse de salon.
Un excellent Michel Plasson.
L'intérêt est ailleurs… et tout particulièrement en fosse, avec un Michel Plasson qui déploie une palette d'infinies nuances. Son Faust est irisé de couleurs, presque impressionniste par endroits. L'orchestre répond à la moindre sollicitation avec un plaisir évident, que demander de plus ? Le plateau s'inspire de cet état de grâce avec des bonheurs divers. Au royaume des diérèses et des portamenti, Piotr Beczala triomphe à tous les coups. Il lui faut auparavant apprivoiser les limites de ses aigus dans ses premières interventions, mais son « Salut demeure chaste et pure » est irréprochable et fait la joie du public. La Marguerite de Krassimira Stoyanova peine dans les passages qui exigent une diction sans accrocs. Cette ligne assez floue se satisfait d'un rayonnement somme toute modeste et un timbre très appréciable. Le Mephisto de Ildar Abdrazakov manque de cette noirceur pittoresque qui fait le sel de ce personnage haut en couleurs. L'incarnation est parfaitement en place mais sans le mordant et l'aisance qu'on aimerait y trouver. Des lauriers enfin pour le Valentin remarquable de Jean-François Lapointe et le Siebel d'Anaïk Morel. Le premier affiche une tenue et une projection sans faille aucune, la seconde module son phrasé avec une fraîcheur de premier ordre.
Crédits photographiques : © Opéra national de Paris
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Paris. Opéra Bastille. 09-III-2015. Charles Gounod (1818-1893) : Faust, opéra en cinq actes sur un livret de Jules Barbier et Michel Carré d’après Goethe. Mise en scène : Jean-Romain Vesperini. Décors : Johan Engels. Costumes : Cédric Tirado. Lumières : François Thouret. Avec : Piotr Beczala, Faust ; Ildar Abdrazakov, Méphistophélès ; Jean-François Lapointe, Valentin ; Damien Pass, Wagner ; Krassimira Stoyanova, Marguerite ; Anaïk Morel, Siebel ; Doris Lamprecht, Dame Marthe. Chœurs de l’Opéra national de Paris (Direction : José Luis Basso). Orchestre de l’Opéra national de Paris, direction : Michel Plasson.