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Nantes. Théâtre Graslin. 8-III-2015. Erich Wolfgang Korngold (1897-1957) : La Ville morte, opéra en 3 actes sur un livret de Julius et Erich Wolfgang Korngold – alias Paul Schott – d’après Bruges la Morte de Georges Rodenbach. Mise en scène : Philipp Himmelmann. Décors : Raimund Bauer. Costumes : Bettina Walter. Lumières : Gérard Cleven. Avec : Daniel Kirch, Paul ; Helena Juntunen, Marietta ; Allen Boxer, Frank ; Maria Riccarda Wesseling, Brigitta ; Elisa Cenni, Juliette ; Albane Carrère, Lucienne ; Alexander Sprague, Victorin ; John Chest, Fritz ; Rémy Mathieu, Comte Albert. Chœur d’Angers Nantes Opéra (direction : Xavier Ribes), Maîtrise de la Perverie (direction : Gilles Gérard), Orchestre National des Pays de la Loire, direction : Thomas Rösner.
Cette reprise de La Ville morte de Korngold, dans la production de Philipp Himmelmann, fait date !
Aussi incroyable que ceci puisse paraître, le chef d'œuvre de Korngold, créé simultanément à Hambourg et Cologne le 4 décembre 1920, n'a pas été représenté en France en version scénique avant 2001. C'est l'Opéra du Rhin qui avait alors réparé l'injustice avec un spectacle également présenté au Théâtre du Chatelet dans le cadre du Festival des Régions mais qui, malgré la présence électrisante d'Angela Denoke, souffrait d'une mise en scène peu défendable. En 2009, Nicolas Joel eut l'heureuse idée d'importer à Bastille l'intelligente production de Willy Decker. Enfin en 2010, l'Opéra National de Lorraine proposa cette production réalisée par Philipp Himmelmann qui, à sa création, nous avait enthousiasmés par son intelligence et son esthétique, démontrant à merveille le caractère onirique de l'ouvrage et l'isolement du personnage principal.
Réglée avec un soin minutieux par Philipp Himmelmann, cette reprise nous a paru plus aboutie encore. Dans un astucieux dispositif compartimenté, où les personnages se répondent sans jamais se rencontrer, et avec le secours des superbes vidéos de Martin Eidenberg, le metteur en scène nous livre une lecture d'une grande intelligence d'une grande finesse. Il bénéficie, comme en 2010, de la présence d'Helena Juntunen, dont l'abattage scénique est toujours aussi impressionnant et qui, de Marietta, possède la beauté aguichante. Vocalement, elle ne fait qu'une bouchée du rôle avec une voix puissante aux couleurs cuivrées, égale sur toute la tessiture.
Cette fois, elle a trouvé un partenaire à sa hauteur en la présence de Daniel Kirch, ténor attaché à l'Opéra de Leipzig. Familier des rôles de ténors héroïques, il possède la puissance et l'endurance exigées par le rôle de Paul, mais sa formation mozartienne lui confère la souplesse nécessaire pour éclairer son chant de subtiles nuances. Il est également très investi scéniquement et traduit remarquablement la confusion de son personnage, égaré dans ses hallucinations. Maria Riccarda Wesseling est un luxe dans le rôle peu valorisant de la fidèle Brigitta. Les seconds rôles forment un bel ensemble avec mention pour John Chest, qui détaille très subtilement la chanson de Pierrot, et Elisa Cenni à l'aigu cristallin. Notre seule réserve concerne Allen Boxer, Frank au timbre générique et à la puissance limitée lorsqu'il s'agit de passer un orchestre pléthorique.
L'éclatant succès de la matinée doit beaucoup à Thomas Rösner, aussi à l'aise chez Korngold que chez Mozart et dont la direction d'orchestre conjugue fougue et précision. Le chef met en valeur toute la luxuriance de l'écriture orchestrale sans la moindre faute de goût. Il est parfaitement secondé dans son entreprise par l'Orchestre National des Pays de Loire, dont la versatilité stylistique n'a d'égal que la plénitude sonore. Une reprise qui fait date !
Crédits photographique : Helena Juntunen (Marietta) © Jef Rabillon pour Angers Nantes Opéra
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Nantes. Théâtre Graslin. 8-III-2015. Erich Wolfgang Korngold (1897-1957) : La Ville morte, opéra en 3 actes sur un livret de Julius et Erich Wolfgang Korngold – alias Paul Schott – d’après Bruges la Morte de Georges Rodenbach. Mise en scène : Philipp Himmelmann. Décors : Raimund Bauer. Costumes : Bettina Walter. Lumières : Gérard Cleven. Avec : Daniel Kirch, Paul ; Helena Juntunen, Marietta ; Allen Boxer, Frank ; Maria Riccarda Wesseling, Brigitta ; Elisa Cenni, Juliette ; Albane Carrère, Lucienne ; Alexander Sprague, Victorin ; John Chest, Fritz ; Rémy Mathieu, Comte Albert. Chœur d’Angers Nantes Opéra (direction : Xavier Ribes), Maîtrise de la Perverie (direction : Gilles Gérard), Orchestre National des Pays de la Loire, direction : Thomas Rösner.
2 commentaires sur “Une Ville morte très onirique à Nantes”