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Paris. Philharmonie de Paris. 20-II-2015. Richard Strauss (1864-1949) : Le Bourgeois gentilhomme op.60. Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n°4. Dorothea Röschmann. Orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam, direction : Mariss Jansons.
Deux jours après une « Resurrection » de Mahler extravertie de Rattle et ses Berliner, la Philharmonie de Paris accueillait un autre orchestre de légende, le Concertgebouw d'Amsterdam, dont on s'était dit que sous la baguette de Mariss Janson, la plus douce et raffinée Symphonie n°4 risquait de sonner bien différemment. Ce fut le cas mais finalement pas autant qu'on s'y attendait.
Avant cela l'orchestre, en formation réduite, nous offrait une pièce de Richard Strauss pas si fréquente dans les programmes de concert, la suite du Bourgeois gentilhomme assez intimement lié quant à son substrat programmatique à l'Ariane à Naxos dans sa première mouture. L'œuvre n'est pas aussi immédiatement captivante et spectaculaire que les grands poèmes symphoniques de Strauss, elle joue sur les nuances et les changements de tons, sur le fruité et la saveur des mariages de timbres, sur la qualité des instrumentistes souvent traités en solistes. Et sur l'imagination du chef pour faire tenir tout cela sans faire baisser l'attention. Et sur tous ces points la prestation du soir fut un ravissement, d'une élégance rare, d'une intelligence de ton sans défaut, et on s'en doute, instrumentalement magnifique. Difficile de rêver mieux dans cette suite orchestrale où le chef prit un évident plaisir à faire applaudir individuellement tous ses instrumentistes, avec un beau succès public pour le violoncelle solo de Tatjana Vassiljeva.
Dès le début de la Symphonie n°4 de Mahler, le tempo soutenu, la vigueur des coups d'archets, la dynamique franche, et l'absence de portamento (une habitude moderne) nous laissa penser que le Mahler de Mariss Jansons n'allait, ce soir, pas se différer tant que ça de celui de Simon Rattle, la nature même des deux œuvres faisant à elle toute seule plus de différences. Bien sûr le chef d'origine lettonne poussa moins loin et moins vigoureusement ses curseurs que son homologue britannique (qui en fit peut-être un peu trop, question de goût), mais il n'hésita pas à dramatiser son discours comme à propulser cette musique vers l'avant quitte à lui faire perdre un peu de sa pure saveur rustique viennoise ainsi qu'une partie de sa poésie. Ainsi jouée, superbement il faut le reconnaitre, cette Quatrième se différencie moins franchement de ses voisines de catalogue qu'avec d'autres baguettes. De même si elle trouva une solide continuité et une cohérence sans faille, elle manqua ici ou là de cette magie dans ses changements d'éclairage qui nous fait parfois frissonner de bonheur. Le final fut dans la continuité parfaite de ce qui a précédé, on l'aura compris plus solide et dramatique qu'aérien et angélique, ce qui n'aurait de toute façon pas convenu à la voix corsée de Dorothea Röschmann qui a eu l'intelligence de chanter ce lied du Knabenwunderhorn avec ses moyens.
Comme deux jours plus tôt, cette exécution mahlérienne nous impressionna pas sa qualité d'engagement et de réalisation, sans toujours nous amener jusqu'au septième ciel.
Crédit photographique : concert du 20 février 2015 © Charles d'Hérouville – Philharmonie de Paris
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Paris. Philharmonie de Paris. 20-II-2015. Richard Strauss (1864-1949) : Le Bourgeois gentilhomme op.60. Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n°4. Dorothea Röschmann. Orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam, direction : Mariss Jansons.
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