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Paris. Théâtre de la Ville. 17-II-2015. Angelin Preljocaj : Empty moves (parts I, II & III). Chorégraphie : Angelin Preljocaj. Création sonore : John Cage, Empty words. Remerciements à Goran Vejvoda. Assistant, adjoint à la direction artistique : Youri Aharon Van den Bosch. Choréologue, assistante répétitrice : Dany Lévêque. Avec Virginie Caussi, Sergio Diaz, Yan Giraldou, Natacha Grimaud.
Avec Empty moves, pièce laboratoire radicale et jubilatoire, Angelin Preljocaj bascule du côté de l'abstraction, sur une bande sonore décapante signée John Cage.
Angelin Preljocaj le reconnaît, il aime osciller dans son travail chorégraphique entre abstraction et narration. Avec Empty moves, créé en trois temps depuis 2004, il se situe cette fois du côté d'une abstraction pure et dure, mais non dénuée d'humour, comme le prouve le choix iconoclaste de cette « partition » de John Cage. Il s'agit en réalité de l'enregistrement d'une soirée de décembre 1977 au Teatro Lirico de Milan, au cours de laquelle le compositeur a tenté de décomposer syllabe par syllabe un texte de Henry David Thoreau, La désobéissance civile. Captant les réactions outragées du public tandis que le musicien continue, imperturbable, la bande son croit en intensité au long des 1h45 de spectacle.
Depuis plus de dix ans, le chorégraphe a patiemment construit les trois mouvements de cette pièce laboratoire, réservoir de formes et de mouvements dans lequel il a allégrement puisé pour nourrir ses autres spectacles… narratifs.
Pour deux filles et deux garçons, il a écrit une frise de combinaisons savantes, une véritable mécanique de précision dans laquelle s'imbriquent les corps de ce quatuor de danseurs. La composition de la pièce se structure autour d'une légère diagonale tracée au scotch noir, de cour à jardin, qui forme une ligne de départ ou d'arrivée, comme une portée musicale.
La danse est sportive, parfois ludique, exécutée avec précision. Elle présente des caractéristiques gymniques, voire acrobatiques, avec des ruptures de rythme, des courses, des sauts, des portés, des supportés, des enchevêtrements en tout genre… Il y a parfois dans le spectacle des moments plus sauvages, plus délurés, qui font écho aux débordements bruyants du public milanais. Dans ces moments, Angelin Preljocaj montre un visage qu'on ne lui voit que rarement : la dérision, la drôlerie.
Sans point de repère auditif, la pièce nécessite une écoute attentive des danseurs entre eux, un compte permanent des pas, le tout étant exécuté avec une apparente (mais transpirante) facilité. Exceptionnels, les quatre danseurs sont tenaces, concentrés et endurants. La fin du spectacle est particulièrement fascinante, alors que les corps se délitent, que le rythme s'apaise.
Avec Le Parc, Roméo et Juliette, Les Noces ou Annonciation, Empty moves fera sans doute partie des pièces cultes d'Angelin Preljocaj, de celles qui passeront à la postérité. Après Cunningham, John Cage y aura trouvé un autre exégète de ses performances hors normes, un chorégraphe qui, comme Dominique Bagouet, Régine Chopinot, Maguy Marin ou Anne Teresa de Kersmaeker sait prendre l'abstraction à bras le corps pour en faire une matière humaine.
Crédit photographique : © Jean-Claude Carbonne
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Paris. Théâtre de la Ville. 17-II-2015. Angelin Preljocaj : Empty moves (parts I, II & III). Chorégraphie : Angelin Preljocaj. Création sonore : John Cage, Empty words. Remerciements à Goran Vejvoda. Assistant, adjoint à la direction artistique : Youri Aharon Van den Bosch. Choréologue, assistante répétitrice : Dany Lévêque. Avec Virginie Caussi, Sergio Diaz, Yan Giraldou, Natacha Grimaud.