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Le Centre National du Costume de Scène célèbre le tricentenaire de l'Opéra Comique par une exposition bien particulière.
Basé à Moulins, dans l'Allier, le CNCS regroupe notamment dans ses réserves les costumes de la Comédie Française, de la Bibliothèque Nationale de France et de l'Opéra de Paris, et par ricochet, une bonne partie de ceux de l'Opéra Comique. L'occasion était belle alors, de confier à Macha Makeïeff une mise en espace à la gloire de la vitalité du genre, alliant à la fois passé (les uniformes de la garde montante de la création de Carmen) et avenir (une robe de religieuse pour la future production des Mousquetaires au couvent).
Une première salle au rez-de-chaussée rend hommage au théâtre de foire, où est né le genre, avec ses tréteaux, ses pancartes et ses marionnettes. Au pied de l'escalier menant aux salles d'exposition, grâce est rendue à Justine Favart, première à avoir compris l'importance du costume dans l'empathie du public à un personnage de théâtre.
A l'étage, huit salles racontent dans de grandes vitrines éclairées avec art, l'influence et le rayonnement de l'opéra comique, dans un désordre historique savamment agencé, avec pour fil conducteur les grandes héroïnes qui y sont nées : Giulietta, Manon, Mignon, Ciboulette, Carmen, Lakmé, Mélisande, Thérèse. On peut dans chacune d'entre elles entendre et voir sur de petits écrans des extraits marquants des productions récentes de l'Opéra Comique. Cerise sur le gâteau, dans une pièce centrale dédiée au grand incendie de 1887, qui fit des centaines de victimes, Mme Bergeret, concierge de l'institution, raconte ses souvenirs dans un film en noir et blanc d'une vingtaine de minutes. Il s'agit en fait de Jérôme Deschamps ancien directeur de l'Opéra Comique, qui raconte grimé et dans le style Deschiens l'histoire de l'Institution. C'est à la fois drôle, bourré de pédagogie et d'histoire de la musique, à visionner sans modération.
Notre seul regret à la visite de cette exposition ludique, intelligente et pédagogique, est le « grand saut » historique qui passe trop rapidement du XVIII° siècle à l'époque « deschienne » sans transiter par de grands moments qui hantent nos souvenirs : le comte Ory mis en scène par Robert Dhéry, le Roméo de Roberto Alagna encore quasi-inconnu, la Dame Blanche de Boieldieu dirigé par Marc Minkowski, la faute semble-t-il à la disparition des costumes.
Telle quelle, cependant, cette exposition est à ne pas manquer si l'on passe dans la région !