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La Haine de la musique selon Daniel D’Adamo

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Nanterre, Maison de la Musique. 5-II-2015. Daniel D’Adamo (né en 1966): La Haine de la musique, monodrame; livret d’après La Haine de la musique de Pascal Quignard; adaptation Daniel D’Adamo et Christian Gangneron; lumières Jean Tartaroli; vidéo, Nicolas Maisse. Comédien, Lionel Monier; Ensemble TM+; direction Laurent Cuniot.

6434_254_Tm-en-concert-webReprise du monodrame de Daniel D'Adamo, créé au Festival Musica de Strasbourg en octobre 2014, redonné dans la version scénique de à la Maison de la Musique de Nanterre.

« Le beau son est lié à la mort belle » écrit Pascal Quignard dans La haine de la musique, un essai en dix petits traités qui questionnent le pouvoir (dévastateur, usurpateur, maléfique…) de la musique et notre soumission au son, puisque, ajoute-t-il, les oreilles n'ont pas de paupières : « il n'y a pas de sommeil pour l'audition ». Ce n'est pas tant la thèse de Pascal Quignard, mais la richesse des associations sonores qu'engendre son récit fabuleux, qui enflamme l'imaginaire sonore de Daniel D'Adamo.

est déjà sur scène lorsque le public arrive dans la salle ; le comédien est assis, torse nu, dans un fauteuil blanc qui sera l'unique pièce du décor. privilégie la seule couleur blanche, celle du chef et des instrumentistes, placés en fond de scène, et celle du tulle qui les sépare du comédien. C'est aux lumières finement suggestives et à la vidéo, très économe du reste, qu'il incombe de créer les perspectives, de filtrer les espaces et de modifier les climats, au fil de cette odyssée sonore où vont interagir le texte et la musique.

Dans cet exercice difficile du monologue, Daniel D'Adamo relève superbement le défi, en cherchant constamment le rythme et les rapports d'équilibre à instaurer entre un texte, considérablement épuré, et la musique ; en entretenant également une certaine perméabilité du mot et du son. Naît ainsi une musique de la sensation, privilégiant, dans une sensibilité microtonale, le timbre et l'élaboration de textures/trames sur lesquelles peut s'inscrire la voix du narrateur. Autant de couleurs et de morphologies sonores superbement rendues par l' et son chef , remarquablement engagé dans une partition tirée au cordeau, dont on appréciait ce soir toutes les finesses du travail.

L'écriture n'exclut pas les touches illustratives qui donnent au mot sa résonance et accroche plus sûrement l'écoute de l'auditeur. Une partie électroacoustique très – trop – discrète génère également des sons naturels enregistrés, comme l'eau dans le récit du baptême de Pierre durant la pêche nocturne. Plus effective encore est la manière dont le compositeur parvient à suggérer les espaces et la vibration des lieux décrits par Pascal Quignard, comme la grotte paléolithique ou celle de l'Hypogée dont seules les voix graves peuvent déclencher la résonance rocheuse. Entre la fantasmatique descente dans le puits de Jan de l'Ors et l'envoûtement du Chant IX de l'Odyssée, l'épisode des camps de la mort est rien moins que saisissant : « la musique est le seul de tous les arts qui ait collaboré à l'extermination des juifs » lance . D'Adamo resserre la dramaturgie en accélérant le débit de la parole qui menace constamment d'être submergée par la violence percussive d'une musique implacable.

On ressent dans ce spectacle aujourd'hui magnifiquement rôdé l'aisance souveraine de dont la présence scénique et la voix sensible, toujours en phase avec le son qui la répercute, renouvellent constamment l'intérêt de l'écoute. Hymne aux espaces résonants et à la vibration de toutes les cordes de l'univers, La haine de la Musique selon Daniel d'Adamo est cette immersion/abandon dans la volubilité du mot et du son, sans la menace du naufrage annoncé.

Photo : TM+ (c) Maison de la musique de Nanterre

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Nanterre, Maison de la Musique. 5-II-2015. Daniel D’Adamo (né en 1966): La Haine de la musique, monodrame; livret d’après La Haine de la musique de Pascal Quignard; adaptation Daniel D’Adamo et Christian Gangneron; lumières Jean Tartaroli; vidéo, Nicolas Maisse. Comédien, Lionel Monier; Ensemble TM+; direction Laurent Cuniot.

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