Plus de détails
Dijon.Art Danse Festival. Plateau de l’Auditorium, 02-II-2015. Palimpseste, Solo Stockhausen (1997), re-création mai 2014. Chorégraphie et interprétation : Michèle Noiret. Musique : Karlheinz Stockhausen, Musik im Bauch für Spieluhren, Tierkreis pour clarinette et piano ; Majella Stockhausen, piano ; Suzanne Stephens, clarinette. Scénographie : Xavier Lauwers et Michèle Noiret. Lumières : Xavier Lauwers. Costumes : Azniv Afsar et Michèle Noiret. Solo, film de Thierry Knauff, inspiré du spectacle Solo Stockhausen chorégraphié et dansé par Michèle Noiret.
Contrastes dansés à Dijon avec Daniel Dobbels et Michèle Noiret.
Le solo « Palimpseste » est le résultat d'une longue histoire : créé en 1997 sur une pièce de Karlheinz Stockhausen et chorégraphié sur des idées contraignantes du musicien, il est repensé pour le film de Thierry Knauff, Solo, en 2004. Dix années plus tard, Michèle Noiret se pose la question : est-il possible de refaire le chemin inverse, est-il possible de retranscrire ce film pour la scène ? Que reste-t-il alors de ce que l'on a créé auparavant ?
Art Danse Festival a eu la bonne idée de montrer le film de Knauff après la représentation dansée, et l'on peut ainsi voir deux œuvres assez dissemblables, quoique pleines de ces souvenirs qui restent en quelque sorte collés au corps ; on y retrouve des gestes identiques, comme ceux des mains qui semblent ceinturer la taille ou comme des postures au sol qui ressemblent à celles d'animaux à quatre pattes. Mais nous parlerons ici de la version dansée à Dijon.
Le support musical fait alterner deux séries de pièces de Stockhausen ; la première, toujours exposée pianissimo, et qui donne ainsi l'impression d'un souvenir à moitié effacé, est une suite de petites œuvres illustrant les signes du zodiaque pour boite à musique. La seconde, jouée avec une puissance ordinaire, est celle que le musicien composa pour Michèle Noiret : elle est donc la matrice du film et du Solo de ce soir.
On retrouve les mêmes attitudes dans les deux ambiances sonores ; pourtant il apparait, lorsque la clarinette et le piano interviennent dans une seconde séquence, que le timbre influe sur la qualité des gestes. En effet, l'instrument à vent à la sonorité plus moelleuse rend la gestique souvent plus fluide, alors que le clavier plus percussif favorise des mouvements plus saccadés. Mais tout cela apparait furtivement, comme un souvenir ancien de méthodes un peu oubliées.
Il y a visiblement une sorte de vocabulaire expressif dans cette chorégraphie ; cela vient fort évidemment de la conception qu'avait Stockhausen de ce Solo assez bref au départ : faire coller à chaque son une attitude, une place dans l'espace. Ici, des gestes sont récurrents, mais ils servent plutôt de liant à l'ensemble. La démarche « de geisha » aux petits pas glissés, le jeu, très beau et très expressif des mains aux doigts écartés ou joints, les jets de balles figurées avec retour douloureux dans le visage, sont des signes qui jalonnent la chorégraphie comme autant d'ancrages qui nous la rendent familière.
Il y a aussi des souvenirs du film de 2004. Ce court métrage en noir et blanc, plutôt noir d'ailleurs, mettait l'accent sur la ligne du corps sculpté par la lumière. Impossible de restituer cela sur la scène ; pourtant des éclairages appropriés permettent pendant un instant de ne voir qu'une silhouette sur le fond de scène, ou de multiplier les ombres au sol d'une manière très esthétique.
Les spectacles « Entre les écrans du temps » de Daniel Dobbels et « Palimpseste » de Michèle Noiret, posent des questions un peu semblables mais y répondent différemment. Qu'est-ce que la mémoire ? Quels sont les rapports possibles entre des modes d'expression aussi différents que la scène et la toile ? Michèle Noiret « gratte » le vieux travail comme un vieux parchemin, pour en proposer une version plus mature et plus apaisée.
Photo : Michele Noiret crédit Sergine Laloux
Plus de détails
Dijon.Art Danse Festival. Plateau de l’Auditorium, 02-II-2015. Palimpseste, Solo Stockhausen (1997), re-création mai 2014. Chorégraphie et interprétation : Michèle Noiret. Musique : Karlheinz Stockhausen, Musik im Bauch für Spieluhren, Tierkreis pour clarinette et piano ; Majella Stockhausen, piano ; Suzanne Stephens, clarinette. Scénographie : Xavier Lauwers et Michèle Noiret. Lumières : Xavier Lauwers. Costumes : Azniv Afsar et Michèle Noiret. Solo, film de Thierry Knauff, inspiré du spectacle Solo Stockhausen chorégraphié et dansé par Michèle Noiret.