Tout Rachmaninov chez Decca
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« Rachmaninov : the complete works ». Sergueï Rachmaninov (1873-1943) : œuvres complètes. 1 coffret de 32 CD Decca 478 6765. Notice en français,en allemand et en anglais.
Decca
On peut être reconnaissants à Decca et à Vladimir Ashkenazy pour cette intégrale prestigieuse et soignée de l'œuvre de Rachmaninov.
Il y a dans l'œuvre de Rachmaninov ce que tout le monde connaît, ce que quelques uns apprécient, et ce que quasiment personne n'a entendu. C'est l'intérêt de cette parution de rassembler tout cela en un objet compact, qui permettra de découvrir que Rachmaninov a laissé des chefs-d'œuvre dans tous les domaines, et que cette branche morte du romantisme russe a su donner des fleurs tardives, mais magnifiques.
On entendra dans ce coffret les compositions d'un étudiant très prometteur, surtout l'opéra Aleko, couronnement de sa scolarité au Conservatoire de Moscou. Rachmaninov ayant beaucoup révisé sa production, on trouvera également des versions originales, et des œuvres fragmentaires ou reconstituées (particulièrement l'opéra Monna Vanna, projet abandonné, car c'est à Henri Février que Maeterlinck accorda les droits sur sa pièce). Un disque supplémentaire offre des rouleaux pour piano mécanique laissés par le compositeur, dont le legs discographique est toutefois bien plus vaste.
Le musicien à qui Rachmaninov doit beaucoup est évidemment Vladimir Ashkenazy. Il expose sa passion pour le compositeur dans un entretien avec le journaliste de Gramophone Rob Cowan, un sympathique bonus, même si l'anglais mâchonné du pianiste n'est pas très facile à saisir. Comme pianiste et comme chef, Ashkenazy est présent dans dix-neuf des trente-deux CD, avec des gravures qui vont des années 1970 (ses concertos avec André Previn) jusqu'à aujourd'hui. Sans doute pour faire contrepoids à cette primauté, quelques œuvres ont été dévolues à d'autres pianistes, Jorge Bolet, Alexis Weissenberg ou au chef Walter Weller. Decca a même pris le soin de donner une version alternative pour chaque concerto en allant chercher les plus célèbres versions du fonds Universal : dans l'ordre, Byron Janis (avec Kondrachine), Richter (avec l'Orchestre Philharmonique de Varsovie), Martha Argerich et Zoltán Kocsis. Il faut dire qu'on rencontre encore beaucoup d'autres artistes prestigieux, comme la soprano Elisabeth Söderström (intégrale des mélodies), le Beaux Arts Trio ou le baryton Sergueï Leiferkus (dans les opéras enregistrés par Neeme Järvi). Manquent tout de même, parmi les grands serviteurs de Rachmaninov, Horowitz et Ormandy, qui l'ont bien connu, et la fameuse Île des morts de Fritz Reiner (Orchestre Symphonique de Chicago, RCA).
L'idée d'une intégrale Rachmaninov avait déjà été réalisée en 2008 par Brilliant. Elle avait aussi ses vertus, entre autres de proposer le Trio Borodine, Nikolai Lugansky, les symphonies par Guennadi Rojdestvensky, les concertos par Earl Wild, et enfin les mélodies distribuées à plusieurs chanteurs, puisque beaucoup sont écrites pour ténor ou pour basse. Mais on ne la trouve plus qu'à un prix élevé sur les sites de revente.
D'ailleurs, si l'on n'est pas intéressé par les œuvres mineures, on n'a même pas besoin d'acquérir une telle intégrale. On peut acquérir l'essentiel de Rachmaninov par blocs, grâce à d'autres coffrets récemment parus, par exemple les mélodies chez Chandos, l'œuvre pour piano par Howard Shelley chez Hyperion, les symphonies et les concertos par Vasary et Maazel chez DG. On prendra bien garde de ne pas oublier les splendides Vêpres, d'autant que la version choisie ici (le Chœur de chambre de Saint-Pétersbourg) n'est pas des plus terribles. Néanmoins, pour un coût bien moindre, cette intégrale demeure sans contredit une bonne affaire et une belle idée de cadeau.
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« Rachmaninov : the complete works ». Sergueï Rachmaninov (1873-1943) : œuvres complètes. 1 coffret de 32 CD Decca 478 6765. Notice en français,en allemand et en anglais.
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