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Dijon. Auditorium, 7-XII-2014. Kryštof Harant (1564-1621) : Missa quinis vocibus super Dolorosi Martyr et pièce instrumentale « Qui confidunt in Domino ». Adam Vadav Michna z Ostradovic (1600-1676) : Litanie Beata Maria Virgine. Heinrich Schütz (1583-1672) : « Sei gegrüsset, Maria », et Histoire de la Nativité. Avec Anne Magouët, l’Ange, et Vincent Bouchot, l’Evangéliste. Ensemble Les Traversées baroques. Direction musicale : Etienne Meyer.
La saison tchèque bat son plein à Dijon : c'est l'occasion de découvrir des compositeurs totalement inconnus qui se sont battus littéralement pour la reconnaissance de leur nation.
Ainsi, Kryštof Harant, noble et valeureux guerrier frondeur du tout début du XVIIe siècle, se fait décapiter lors de la répression impériale en 1621. Adam Michna, une génération plus tard, semble être devenu le compositeur favori des Jésuites de Prague. Enfin, après ces incursions en terra incognita, on retrouve Heinrich Schütz pour célébrer la période de l'Avent.
La messe de Harant présente toutes les caractéristiques d'écriture de la musique de la Contre-réforme, bien que l'auteur ait été un sympathisant du mouvement religieux néo-utraquiste. Sa polyphonie est pourtant complexe et joue sur des effets de masse que soulignent d'une façon efficace les neuf chanteurs ; les instruments sont, la plupart du temps, en doublure des voix et ne donnent toute leur mesure que dans la pièce instrumentale introduite entre le credo et le sanctus. Le choix d'Etienne Meyer semble être celui de lisser en quelque sorte l'écriture pour laisser l'impression d'un flot continu : seules quelques attaques ressortent de ce fleuve sonore, tel le Qui tollis, mais l'impression qui subsiste reste monocolore.
Adam Michna nous régale d'une œuvre virtuose, proche du style de Monteverdi, et qui est fondée sur les réponses entre solistes ou petits groupes de chanteurs. Les vocalises mettent chaque partenaire de cet ensemble vocal en valeur, et le rythme général est enlevé pour le plus grand plaisir des sens, sans aucune monotonie bien que le texte lui en fasse courir le risque.
Si Sei gegrüsset Maria permet de faire la part belle à un jeune ténor « sorti du rang », L'Histoire de la Nativité de Schütz va permettre à Vincent Bouchot de donner toute sa mesure : son interprétation de l'Evangéliste est sobre, mais tout de même expressive, et sa voix d'une égale souplesse. Mais on aurait aussi aimé quelques sous-titres susceptibles d'éclairer les intentions du compositeur.
Anne Magouët est un ange plein de sensibilité et de conviction, avec une fraîcheur de timbre qui convient bien à ce répertoire. On remarque également la prestation sans défaut des vents, notamment du trio de sacqueboutes à la sonorité veloutée.
Les grandes qualités de cet ensemble et de son chef sont la recherche et la restitution de partitions méconnues : ils nous avaient régalés avec le spectacle de La Pellegrina l'an dernier. Un autre mérite est l'honnêteté avec laquelle ils travaillent : le son d'ensemble est plein, le résultat est sans bavures. Peut-être un peu plus de panache ne nuirait-il pas…
Crédit photographique : Les Traversees Baroques – Opéra Dijon © Gilles Abegg
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Dijon. Auditorium, 7-XII-2014. Kryštof Harant (1564-1621) : Missa quinis vocibus super Dolorosi Martyr et pièce instrumentale « Qui confidunt in Domino ». Adam Vadav Michna z Ostradovic (1600-1676) : Litanie Beata Maria Virgine. Heinrich Schütz (1583-1672) : « Sei gegrüsset, Maria », et Histoire de la Nativité. Avec Anne Magouët, l’Ange, et Vincent Bouchot, l’Evangéliste. Ensemble Les Traversées baroques. Direction musicale : Etienne Meyer.