Haydn délicat mais un peu affadi par le trio Chausson

Dans l'imposant corpus des trios avec piano de Haydn, riche de quarante et une partitions, les musiciens du trio Chausson ont choisi trois pages dont la composition va de  1767 (publication du premier)  à 1797 pour le dernier.  

Pour chacun, Haydn reste fidèle à une forme simple en trois mouvements, donnant la part belle au clavier. La lecture des Chausson, trois français qui se sont rencontrés pendant leurs études au CNSMDP, est certes d'une élégance et d'un sens du style inattaquables. Sans recourir à des instruments anciens, ils n'en délaissent pas moins des effets romantiques qui seraient hors de propos, limitent le vibrato des cordes et dégagent un équilibre et une clarté louables.

Mais leur lecture manque de contrastes et pour tout dire de caractère. Les trois partitions s'écoutent agréablement mais sans laisser de trace durable ni être clairement individualisées, bien que trente années séparent la première de la dernière ; réécoutons le Beaux Arts trio (Decca) pour entendre la sève et la vie circuler dans l'écriture de Haydn. Ce n'est pas le bref, bien écrit mais aussi bien insignifiant deuxième trio de Hummel (1799), qui donnera du nerf et des couleurs à ce tableau ravissant mais trop pâle. On sourit certes à l'audition du rondo alla turca final et ses amusants effets instrumentaux mais pour le coup le recours à un pianoforte doté de jeux de percussion aurait été un plus dont se privent ici les musiciens. Enfin, le minutage peu généreux aurait permis facilement de nous offrir encore un trio de Haydn, compositeur dont l'apparente simplicité est décidément trompeuse.