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Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 20-XI-2014. Johannes Brahms (1833-1897) : Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, op. 77 ; Jean Sibelius (1865-1957) : Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, op. 47 ; Dimitri Chostakovitch (1906-1975) : Concerto pour violon n° 1 en la mineur, op. 77 ; Félix Mendelssohn-Bartholdy (1809-1847) : Concerto pour violon et orchestre en mi mineur, op. 64. Avec Frederike Starkloff, Hildegarde Fesneau, Aylen Pritchin, Naoka Aoki, Kyung Ji Min, violon. Orchestre national des Pays de la Loire, Pascal Rophé, direction.
Le concours Long-Thibaud-Crespin, session violon 2014, a accouché d'un palmarès étonnant.
La finale concerto du 71e concours international Long-Thibaud-Crespin (la finale sonate se déroulait la veille) s'est tenue le 20 novembre à Paris. Après la prestation des cinq finalistes, le résultat est tombé tard dans la nuit.
Une soirée marathon, de 20 heures à 1 heure du matin, qui a conclu une semaine d'audition intensive, à raison de 7 heures par jour en moyenne pour les membres du jury. Les 35 candidats avaient été sélectionnés lors des épreuves éliminatoires organisées dans 7 villes du monde (Paris, Berlin, Londres, Moscou, New York, Pékin et Tokyo) de mars à mai de cette année. Les 5 finalistes se sont donc exprimés lors de deux épreuves finales, récital et concerto. Voici nos impressions de la finale concerto à laquelle nous avons assistée. A savoir : chaque candidat choisit deux concertos, un dans chacune des deux listes proposées par le Concours, et à l'issu de la demi-finale, le jury désigne la pièce à jouer.
L'Allemande Frederike Starkloff, 24 ans, maîtrise avec intelligence de nombreuses difficultés du Concerto de Brahms, notamment celle liée à la longueur de l'œuvre (en particulier le 1er mouvement), mais aussi au fait qu'elle se présente en premier lieu. Même si l'orchestre n'est pas tout à fait en phase avec elle par certains endroits, elle tient sa marche et affirme sa musique, d'autant que son jeu fait transparaître ses expériences scéniques multiples.
La deuxième dans l'ordre de l'apparition est la Française Hildegarde Fesneau, 19 ans, qui interprète Sibelius. Dès les premières notes, l'auditoire est capté par le son généreux et une expression personnelle. Elle sait attirer indéniablement ceux qui l'écoutent, avec une prise de risque audacieuse sans se préoccuper de quelques fausses notes. Musicalement parlant, c'est probablement la plus intéressante des cinq candidats, pour son dynamisme et son sens dramatique, ainsi qu'une large palette sonore ; elle sait raconter quelque chose à travers la musique et montre un grand potentiel qu'elle peut explorer encore davantage.
Après l'entracte, c'est au Russe (et le seul candidat) Aylen Pritchin d'exécuter du Chostakovitch. Le plus âgé des cinq (27 ans), lauréat de plusieurs concours internationaux comme le Concours Tchaïkovski, il conquit le public avec sa technique et son assurance scénique qui sont d'une évidence incontestable, mais aussi grâce à ce « concerto gagnant ».
La Japonaise Naoka Aoki (22 ans) interprète également l'œuvre de Sibelius. Elle a un son profond, un sens du chant et de beaux phrasés auxquels la salle devient tout de suite attentive. Contrairement à la Française, elle ne fait aucune faute, tout est impeccable et propre, mais c'est tellement propre qu'on a l'impression d'entendre une interprétation « modèle » d'un manuel scolaire, musicalement sans aucun incident ni aucune affirmation. L'intérêt du début s'estompe progressivement et on s'ennuie finalement.
La dernière candidate est une Coréenne de 19 ans, Kyung Ji Min. On sent nettement le manque de maturité (de nombreux décalages avec l'orchestre qu'elle sait certes rattraper, mais très gênants) ; il faudra attendre certainement encore quelques années pour qu'elle puisse s'exprimer dans sa musicalité propre, étant donné que son jeu est comme dicté par quelqu'un d'autre, son professeur peut-être ?
Une mention spéciale pour l'Orchestre National des Pays de la Loire et son directeur musical Pascal Rophé, non seulement pour la formidable endurance des musiciens, mais surtout pour un son d'une rondeur exquise et une homogénéité dans l'ensemble des pupitres.
Le palmarès est tout à fait autre que celui que beaucoup d'auditeurs imaginaient avec la Française Hildegarde Fesneau en deuxième place : Aylen Pritchin remporte le Premier Grand Prix, suivi de Naoka Aoki, Frederike Starkloff, Kyung Ji min et Hildegarde Fesneau. Deux prix spéciaux ont été attribués à Aylen Pritchin (prix de la SACEM pour la meilleure interprétation de l'oeuvre contemporaine) et à Naoka Aoki (prix de Albert II de Monaco pour son interprétation du concerto).
Photo : de gauche à droite : Aylen Pritchin, Naoka Aoki, Frederike Starkloff, Kyung Ji min et Hildegarde Fesneau © DR
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Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 20-XI-2014. Johannes Brahms (1833-1897) : Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, op. 77 ; Jean Sibelius (1865-1957) : Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, op. 47 ; Dimitri Chostakovitch (1906-1975) : Concerto pour violon n° 1 en la mineur, op. 77 ; Félix Mendelssohn-Bartholdy (1809-1847) : Concerto pour violon et orchestre en mi mineur, op. 64. Avec Frederike Starkloff, Hildegarde Fesneau, Aylen Pritchin, Naoka Aoki, Kyung Ji Min, violon. Orchestre national des Pays de la Loire, Pascal Rophé, direction.