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Mesto, porte d’entrée royale à Allan Pettersson

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Jean-Luc Caron, musicologue spécialisé dans l’étude et la diffusion de la musique nord-européenne, entraîne depuis quelques années les lecteurs de Resmusica dans une ballade étonnante en pays scandinaves. Pour accéder au dossier complet : Brèves scandinaves

 

Allan Pettersson (1911-1980)Le destin pour le moins défavorable d' constitue une clé d'entrée dans son univers musical émotionnellement intense, original et fortement exigeant.

Pour autant, ce monde sonore inquiétant, souvent violent et aride, parfois profondément lyrique et émouvant, peut également se dispenser de toute grille de lecture. Dans un cas comme dans l'autre, l'écoute conduit l'auditeur empathique vers des mondes identiques où la rage de survivre s'additionne presque naturellement aux bouffées d'amour et de romantisme exacerbé.

A l'occasion du centenaire de la naissance d' (1911-1980), ResMusica a présenté plusieurs textes sur le reclus et au combattant qu'il était et aux artistes qui le défendent aujourd'hui. Artiste revendicateur, isolé et ignoré au sein d'un monde musical suédois assez confortablement installé dans sa culture du national-romantisme et ses avancées mesurées vers la modernité, Pettersson est progressivement adopté aujourd'hui par son propre pays, sous l'impulsion de l'énergique et inspiré Christian Lindberg.

Mesto, second mouvement du Concerto n° 3 pour orchestre à cordes composé dans les années 1956-1957, s'est aussi imposé en tant que pièce indépendante de 25 minutes environ.

D'ailleurs, cette sublime page contient en germe l'ensemble des ingrédients expressifs qu'utilisera le compositeur tout au long de sa carrière en dépit de phases esthétiques à venir fort contrastées.

Mesto (« triste ») fut sa première œuvre appréciée en Suède et ce quelques années avant le succès qu'enregistra la Symphonie n° 7 (1967). Pettersson écrivit dans la revue Nutida Musik que « le mouvement lent est une affirmation de vingt-quatre minutes dans laquelle je parviens progressivement à une chanson qui aurait pu être chantée par un soldat de l'armée du salut. La chanson est un témoignage, une confession… » Le compositeur Moses Pergament (1893-1977) parle dans un journal en mars 1958 « du chant, de la mélodie, du moi le plus profond jusqu'aux étoiles dans le ciel. »

Un autre commentateur résuma justement dans un autre quotidien, évoquant « son sens mélodique poignant, ses distorsions abruptes, ses ostinati entêtés et son ambitus extrême » au service « des émotions fortement tendues. »

Sans aucun doute, l'écoute de Mesto constitue-t-elle un précieux passeport pour la découverte d'un monde fascinant et, au total, profondément attachant. Il faut tenter l'expérience.

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