Frédérick Gravel, l’esprit rock québécois

Invité pour la première fois au Théâtre de la Bastille avec deux spectacles, Frédérick Gravel infuse un peu de l'esprit rock québécois dans les nuits parisiennes.

Trentenaire explosif, Frédérick Gravel cultive l'absurde et la dérision avec l'accent québécois.

Pour ce spectacle de questionnement, intitulé d'après l'œuvre de Nietzche « Ainsi parlait… », il s'est associé à l'auteur Etienne Lepage pour nous balancer des monologues philosophiques et des diatribes enflammées. Le texte est drôle, tonique et sympathique, toujours marqué au coin du bon sens québécois.

Sur scène, ses quatre acteurs-danseurs dégagent une énergie rock très communicative, embarqués dans des mouvements contraires. Ils nous invitent à parcourir les couloirs du bureau jusqu'à la photocopieuse à reculons, à ne jamais hésiter à critique un « show » ou à rire à gorge déployée. Facile ! Déjantés et échevelés, les interprètes sont à la hauteur de ces réflexions quotidiennes ou métaphysiques, de ces discours ironiques et tendres.

La mise en mouvement semble découler des paroles prononcées, et le naturel du corps prend le dessus sur les mots, comme le fait en France un chorégraphe comme Georges Appaix. On s'interroge, on s'étonne, on s'amuse, sans jamais savoir si ce qui est drôle, c'est le sens du texte ou la façon dont il est dit. Emaillé de « Christ » et de « Tabernacle », ce spectacle en V.O. donne une furieuse envie de prendre le premier vol pour Québec ou Montréal…

Crédit photographique : © Nadine Gomez