Ypokosmos, tragédie sociale et réaliste d’Alexandros Markeas
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Nanterre. Maison de la Musique. Festival d’Île de France. 4-X-2014. Alexandros Markeas (né en 1965): Ypokosmos (CM), oratorio pour trois voix solistes, ensembles instrumentaux et choeur. Gaëlle Mechaly, soprano; Sylvia Vadimova, mezzo-soprano; Paul-Alexandre Dubois, baryton; Myriam Lafargue et Pierre Cussac, accordéons; Florent Jodelet et Vassilena Serafimova, percussions; Julien Le Pape, piano; Florentino Calvo, mandoline. Chanteurs et instrumentistes amateurs: Choeur Résonnances de Suresnes, Carpe Diem de Sannois; l’ensemble à plectres L’Estudiantina d’Argenteuil. Direction Laurent Cuniot.
Dans le cadre du festival d'Ile de France, avec Ypokosmose, sa nouvelle création, le compositeur grec Alexandros Markeas fait revivre le rebetico, musique des bas-fonds de la Grèce des années 20, sorte de cri de résistance, festif autant que désespéré, où se croisent écritures savante et populaire.
Ypokosmos aborde un sujet brûlant d'actualité qui donne à entendre « le son de la crise » dans la Grèce d'aujourd'hui. C'est sur les mélodies du rebetico qu'il connait bien, et qui font sens pour lui, que Markeas bâtit cette « tragédie sociale et réaliste » en quatre tableaux cernés par un prologue et un épilogue. Une centaine de choristes, tous amateurs et magnifiquement préparés, occupent le fond de scène baigné d'une lumière douce. Ce sont eux qui chantent le répertoire populaire du rebetico, véhiculant une vibrante humanité, et qui portent la dramaturgie d'ensemble; alternent thrènes de lamentation et moments d'ivresse, scènes dionysiaques et chants des gueux à la Kurt Weill (Les pauvres) qui n'excluent pas d'ailleurs un certain humour. Lorsque les choristes se mettent à jouer de petites percussions et scandent des paroles en grec, à l'image du choeur antique, jaillit le souvenir de l'Oresteïa de Xenakis.
Devant le choeur, l'ensemble instrumental très atypique réunit une dizaine de mandolines (l'ensemble de plectres d'Argenteuil – contrebasse en sus – autour de leur chef Florentino Calvo), deux accordéons, un piano, et deux percussionnistes très sollicités, permettant au compositeur de louvoyer entre couleur locale, type bouzouki, et instrumentation originale, inventive et très colorée: tel cet udu africain, superbement joué par Florent Jodelet pour accompagner le choeur tout en finesse.
Le compositeur confie aux voix solistes – Gaëlle Méchaly, Sylvia Vadimova et Paul-Alexandre Dubois, tous trois très engagés – des parties vocales exigeantes, chantées en grec ou en français, dans un registre souvent très tendu. Les textes – parfois parlés – sont extraits de diverses sources, d'Aristophane à Raoul Ponchon, ou puisent dans le répertoire des amanès, chants de douleur populaires.
Avec une efficacité du geste et une chaleur très communicative, Laurent Cuniot fédère les énergies et donne un souffle extraordinaire à ce spectacle vivifiant; l'une des mélodies, reprise en bis, est alors chantée avec le public, de toute évidence bien préparé à l'écoute de cette oeuvre nouvelle qui faisait ce soir l'unanimité.
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Nanterre. Maison de la Musique. Festival d’Île de France. 4-X-2014. Alexandros Markeas (né en 1965): Ypokosmos (CM), oratorio pour trois voix solistes, ensembles instrumentaux et choeur. Gaëlle Mechaly, soprano; Sylvia Vadimova, mezzo-soprano; Paul-Alexandre Dubois, baryton; Myriam Lafargue et Pierre Cussac, accordéons; Florent Jodelet et Vassilena Serafimova, percussions; Julien Le Pape, piano; Florentino Calvo, mandoline. Chanteurs et instrumentistes amateurs: Choeur Résonnances de Suresnes, Carpe Diem de Sannois; l’ensemble à plectres L’Estudiantina d’Argenteuil. Direction Laurent Cuniot.