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La jeune chanteuse étasunienne Robin Johannsen interprète actuellement Konstanze de l'Enlèvement au sérail de Mozart, en tournée, sous la baguette de Renée Jacobs. Pour ResMusica, elle revient sur son jeune parcours déjà des plus brillants.
« Chanter Konstanze avec René Jacobs est un rêve qui est devenu réalité. »
ResMusica : Comment avez-vous décidé de devenir une chanteuse lyrique ?
Robin Johannsen : Je suis née à Philadelphie et j'ai toujours voulu être une chanteuse. Je ne viens pas d'une famille de musiciens, mais nous écoutions à la maison beaucoup de comédies musicales et de musiques pop. J'ai reçu beaucoup de soutien de mes parents, de ma sœur et de toute ma famille afin de poursuivre mes rêves de devenir un jour une chanteuse d'opéra.
RM : Quel a été votre parcours académique ?
RJ : J'ai commencé à prendre des cours de chant à l'âge de neuf ans. Le professeur de la chorale de mon école, M. Braman, m'a fait découvrir l'opéra. Il m'a fait entendre toutes sortes d'enregistrements de grandes sopranos comme Maria Callas, Joan Sutherland ou Leontyne Price. Il m'a dit que si je travaillais très dur, je pourrais être une artiste lyrique. J'ai alors commencé à aimer l'opéra ! J'ai étudié à l'Université Carnegie Mellon, puis à Cincinnati.
RM : C'est à la fin de ces études que vous avez traversez l'Atlantique ?
RJ : En effet, j'ai été lauréate d'une bourse pour rejoindre la troupe du Deutsche Oper de Berlin. Ce fut une grande chance de me produire sur une grande scène internationale avec des chanteurs de renommée mondiale, sous la baguette des grands chefs d'orchestre et sous la conduite scénique des metteurs en scène de renom. Je suis resté dans la troupe berlinoise pendant trois ans. J'ai ensuite travaillé à l'opéra de Leipzig où j'ai eu à chanter des rôles fantastiques. Je suis finalement devenue une chanteuse free-lance en 2008.
RM : Vous avez chanté à Bayreuth. Quelle opportunité pour une jeune chanteuse !
RJ : J'ai été très chanceuse d'avoir Christian Thielemann comme directeur musical à Berlin pendant que j'y étais en troupe. Il m'a invité à chanter le jeune berger dans Tannhäuser à Bayreuth au cours de ma première année à Berlin. J'ai chanté ce rôle et l'Oiseau de la forêt de Siegfried au Festival pendant six ans d'affilée. Ce fut un grand honneur pour moi de chanter à Bayreuth et une grande opportunité d'être entendue par le public international et par des critiques des grands médias. Mais surtout ce fut merveilleux de collaborer avec des équipes artistiques exceptionnelles.
RM : Vous sortez un album consacré à Caldara, pourquoi avez choisi un compositeur plutôt négligé ?
RJ : Je pense que la musique de Caldara est incroyablement riche, variée, amusante et gratifiante à chanter et à écouter. Je l'avais auparavant interprété lors d'un enregistrement d'œuvres sacrées mixant Haendel et Caldara avec Alessandro De Marchi et son Academia Montis Regalis. Nous étions à la recherche d'un projet pour mon premier récital en solo et notre choix s'est porté sur Caldara. Nous espérons que ce disque, composé d'œuvres enregistrées en première mondiale, pourra faire découvrir au public ces merveilles musicales. Je vous avoue être tombée follement amoureuse de sa musique.
RM : Une fois le compositeur choisi, comment déterminez-vous le contenu du programme alors que certains airs sont enregistrés en première mondiale ?
RJ : Le chef d'orchestre Alessandro De Marchi, avec qui j'ai eu l'opportunité de travailler à de nombreuses reprises, a accepté de mener l'enregistrement avec son orchestre. Il m'a présenté à Frédéric Delame, un expert de Vivaldi des musiques anciennes et baroques. Ce dernier nous a ensuite introduits auprès de Brian Prichard un spécialiste de Caldara qui a déterré et édité tous ces incroyables airs.
RM : Vous chantez actuellement en tournée, Konstanze, de l'Enlèvement au Sérail de Mozart, sous la baguette de René Jacobs. Qu'est ce que vous apporte le travail avec ce chef, légende vivante, dans le monde de l'interprétation « authentique » ?
RJ : Chanter Konstanze avec René Jacobs est un rêve qui est devenu réalité. Il est une personne tellement inspirante avec qui j'ai appris quelque chose de neuf à chaque jour de notre collaboration. Les répétitions, les concerts et les sessions d'enregistrement ont été une expérience fascinante et passionnante car nous n'avons jamais cessé de découvrir de nouvelles pistes dans la musique de Mozart. Je suis si heureuse d'avoir la chance de rechanter sous sa direction le rôle d'Emma dans Emma und Eginhard de Telemann au Staatsoper de Berliner
RM : Comment choisissez-vous vos rôles ?
RJ : Lorsque vous êtes une jeune chanteuse qui vient juste de commencer, il semble que vos rôles vous choisissent. En tant que jeune chanteur, quand vous avez une chance de chanter un rôle, vous sautez sur cette opportunité et vous tentez d'en tirer le meilleur pour votre formation. Bien sûr, le rôle doit être adapté à votre voix, même si ce n'est pas celui de vos rêves, sinon il est utopique de vouloir le chanter. Une fois que vous avez plus d'expérience et quand les décideurs commencent à vous connaître, vous avez plus de choix et pouvez également commencer à choisir d'accepter les rôles que vous aimez et auxquels vous voulez vraiment consacrer beaucoup de temps.