Louis Schwizgebel, le plus jeune des grands interprètes
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Paris. Festival Chopin. Orangerie du parc de Bagatelle. 13- 07-2014. Ludwig van Beethoven (1770 – 1827) : Sonate Quasi una fantasia, op. 27 n°1. Franz Liszt (1811-1886) : Valse-Impromptu. Frédéric Chopin (1810-1849) : Trois Mazurkas op. 63 ; Etude en ut dièse mineur, op. 25 n° 7 ; Deux Valses de l’op. 64 ( n° 2 et 3) ; Fantaisie .-Impromptu, op.66; Troisième Ballade, op. 47. George Crumb (1929-2022) : Dream Images ( Makrokosmos, I et II). Louis Schwizgebel, piano
Le jeune pianiste d'origine suisse et chinoise Louis Schwtzgebel se produit encore bien rarement en France. Rappelons donc brièvement que, né en 1987, il est lauréat du fameux prix de Genève à 17 ans et second prix du concours de Leeds en 2012. Il a déjà une carrière internationale importante derrière lui. Louis Schwizgebel acquiert enfin la célébrité auprès du public français grâce à la parution, en 2013, de son premier CD, Poems, proposant, notamment, une interprétation idéale de Gaspard de la Nuit de Ravel et de Lieder de Schubert transcrits par Franz Liszt.
Le concert donné au parc de Bagatelle fut pour beaucoup une révélation. Louis Schwizgebel nous entraîne d'entrée de jeu dans les sphères de l'intensité grâce à un toucher déjà bien à lui et reconnaissable par sa rondeur et surtout sa luminosité. Au reste, il ne s'agit pas d'un toucher mais de plusieurs, oscillant subtilement entre le registre grave et puissant et, à l'opposé, une approche aérienne, diaphane et quasi immatérielle du clavier dont la maîtrise absolue suscite l'émerveillement. L'exigence de précision dans les attaques et de clarté dans le chant fait que chaque note de la mélodie a sa couleur propre et son juste poids. Une technique du plus haut niveau permet à l'artiste de magnifier les courbes mélodiques qu'il dessine comme celles d'une voix, avec une concentration, une tension sans relâche.
La sonate de Beethoven d'une limpidité sereine n'est que subtilités, idées neuves qui se répondent en mettant en évidence la structure des différents mouvements de façon fascinante, sans effets rhétoriques. L'interprétation magistrale des œuvres de Chopin, d'une belle maturité, force l'admiration. La transparence du jeu de Schwizgebel pare les œuvres d'une lumière subtile. Approche en conformité avec l'exigence de Chopin insistant sur le fait que ses œuvres doivent être jouées doucement. Nous sommes loin des grands éclats fortissimo de virtuoses cherchant à plaire au public qui, hélas, en raffole. Notons la citation de cette Fantaisie dans la pièce minimaliste de George Crumb aux sonorités si bien dosées.
La Ballade n°3 fut éblouissante, même si la partie centrale manquait quelque peu d'unité. Les trois Mazurkas, rarement données, ont su, au-delà de la danse, chanter de façon déchirante la nostalgie du pays natal, et, dans sa linéarité, la grande Etude de l'opus 25 permit au pianiste d'en mettre en valeur l'admirable mélodie touchant au plus profond de l'âme.
« L'invitation à la valse » étant le thème de ce Festival Chopin, Schwizgebel n'a pas eu assez la possibilité de se révéler là où il excelle, où il est sans doute unique, dans les transcriptions de Liszt de certains Lieder de Schubert. Consolation, il offrit en bis Ständchen, ce Lied issu du cycle ultime du Schwanengesang, que Liszt transcrit en 1838 en ajoutant la mélodie à l'accompagnement déjà écrit par Schubert. Le pianiste réussit la prouesse de jouer cette transcription d'une complexité qu'on imagine redoutable avec une aisance, une grâce lumineuse. La mélodie parcourt le clavier, passant d'une main à l'autre comme un fil d'or en se détachant merveilleusement de l'accompagnement.
Louis Schwizgebel, si attachant, marque de son empreinte, de son style, ce qu'il aborde dans des interprétations d'exception. Il compte déjà parmi les grands maîtres du piano.
Crédit photographique : © Christian Lutz
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Paris. Festival Chopin. Orangerie du parc de Bagatelle. 13- 07-2014. Ludwig van Beethoven (1770 – 1827) : Sonate Quasi una fantasia, op. 27 n°1. Franz Liszt (1811-1886) : Valse-Impromptu. Frédéric Chopin (1810-1849) : Trois Mazurkas op. 63 ; Etude en ut dièse mineur, op. 25 n° 7 ; Deux Valses de l’op. 64 ( n° 2 et 3) ; Fantaisie .-Impromptu, op.66; Troisième Ballade, op. 47. George Crumb (1929-2022) : Dream Images ( Makrokosmos, I et II). Louis Schwizgebel, piano