Plus de détails
Théâtre de la Ville. 21/VI/14. Tanztheater Wuppertal / Pina Bausch : Palermo Palermo (1989). Mise en scène et chorégraphie : Pina Bausch. Décor : Peter Pabst. Costumes : Marion Cito. Collaboration musicale : Matthias Burkert. Musique : Paganini, Grieg, Tchaïkovsky. Avec les danseurs du Tanztheater Wuppertal.
Le choc de Palermo Palermo, c'est d'abord la chute d'un mur de moellons sur le plateau. Une idée de Peter Pabst qui précède pourtant de quelques mois la chute du mur de Berlin en 1989 à laquelle on pense encore invariablement aujourd'hui à l'occasion de la reprise de cette pièce par le Tanztheater Wuppertal.
Une image forte qui fait écho à la rangée de chaussures droites alignées à l'avant-scène par les personnels permanents et intermittents du Théâtre de la Ville, direction en tête. En raison des retards pris dans le montage technique du spectacle du fait d'un mouvement de grève d'une partie du personnel en lien avec la situation des intermittents du spectacle, ce qui devait être une Première n'est en réalité d'une répétition générale, expliquent-ils.
Au-delà du Mur, l'histoire de Berlin sera à nouveau évoquée à travers les Mauerfrauen, ces femmes qui erraient dans les ruines de la ville en 1945, couvertes de cette poussière grise qui envahit le plateau et les gradins. Des débris, il y en aura d'autres dans le spectacle, comme le jet d'objets hétéroclites et d'ordures un peu plus tard, au son d'une fanfare. Mais c'est Palerme, ville où la compagnie avait répété pour la création de cette pièce, qui fournit les images et les sons les plus forts avec ses femmes en noir, ses coups de feu et le son des cloches de ses églises.
Dans une succession de saynètes, solos, duos ou danses de groupe, Pina Bausch mettait en scène dans ce spectacle créé il y a 25 ans l'un de ses thèmes favoris : les relations entre les hommes et les femmes. Certains personnages sont forts, d'autres plus faibles et se font humilier, manipuler, bafouer. Ce qui frappe tout au long du spectacle, c'est l'implication physique des interprètes. Ils n'ont peur ni de se salir, ni d'être couverts de poussière ou de terre, épaulés dans les changements de costumes par une organisation bien huilée en coulisses.
L'occasion aujourd'hui pour chacun des interprètes de la compagnie d'extérioriser leur personnalité hors-normes. On y retrouve les vedettes du Tanztheater Wuppertal, formidable compagnie où l'âge des danseurs ne compte pas : Nazareth Panadero, Julie Shanahan, Julie Anne Stanzak, Ruth Amarante ou Dominique Mercy.
Le spectacle de trois heures offre des images très cinématographiques, comme ce mur de pianistes dans la brume ou une scène de nuit sous le chant des cigales avec Stormy weather en fond sonore. Les parties dansantes sont cependant les plus jubilatoires, à l'instar du final de la première partie qui voit défiler chaque danseur dans un mini-solo énergique et métissé. Mais c'est lorsqu'elle danse à l'unisson, comme dans le merveilleux moment où femmes et hommes séparés descendent la scène une pomme sur la tête, solennels et nostalgiques, droits et fiers comme les pénitents d'une procession, que la compagnie est la plus poignante…
Crédit photographique : © Laurent Philippe
Plus de détails
Théâtre de la Ville. 21/VI/14. Tanztheater Wuppertal / Pina Bausch : Palermo Palermo (1989). Mise en scène et chorégraphie : Pina Bausch. Décor : Peter Pabst. Costumes : Marion Cito. Collaboration musicale : Matthias Burkert. Musique : Paganini, Grieg, Tchaïkovsky. Avec les danseurs du Tanztheater Wuppertal.
Pina Bausch, sans nul doute la chorégraphe la plus créative et visionnaire de sa génération. avait l’art de retranscrire sur les plateaux, avec ses complices scénographes, interprètes…, les démesures et faiblesses de l’espèce humaine.