Prokofiev symphonique par Kirill Karabits

Avec ce disque, le chef d'orchestre Kirill Karabits commence une intégrale des Symphonies de Prokofiev à la tête de son orchestre de Bournemouth. Le musicien choisit deux œuvres contrastées : la moderniste Symphonie n°3 et la très « réaliste » Symphonie n°7.

Tirée de l'opéra l'Ange de feu, la Symphonie n°3 est une mécanique orchestrale implacable d'un compositeur flirtant alors avec les têtes de pont de l'avant-garde. Cette partition de démonstration trouve en Kirill Karabits un défenseur convaincant qui en rend toutes les facettes expérimentale et qui sait mettre en avant les qualités de son orchestre anglais. L'orchestre répond à toutes les sollicitations de son chef en matière de précision technique et de puissance. Dans l'absolu,  cette lecture ne peut pourtant pas rivaliser avec celles de Riccardo Muti à Philadelphie (Philips) et de Riccardo Chailly à Amsterdam (Decca), qui bénéficient d'orchestres au luxe quasi-inhumain.

D'une narration presque cinématographique, la Symphonie n°7 se veut plus joviale de ton, avec une inspiration légère, qui semble faire référence à la Symphonie n°1 « Classique ».  Karabits  séduit encore par sa virtuosité naturelle et non sur-jouée dans le genre « Concerto pour orchestre ».  Notons que le musicien propose deux fins pour l'ultime mouvement « Vivace » : l'une lente et l'autre plus rapide.

Ce premier volume est naturellement prometteur. Il faut remercier le chef de ne pas se lancer dans une énième intégrale Tchaïkovski ou Chostakovitch, mais de remettre Prokofiev à l'honneur. Au fond, la dernière intégrale complète enregistrée par un chef fut celle de Valery Gergiev à Londres (2005-2006).