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Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 19-V-2014. Gioachino Rossini (1792-1868) : Tancredi, opéra en deux actes sur un livret de Gaetano Rossi. Mise en scène : Jacques Osinski. Costumes : Christophe Ouvrard. Lumières : Catherine Verheyde. Avec : Marie-Nicole Lemieux, Tancredi ; Patrizia Ciofi, Amenaide ; Antonino Siragusa, Argirio ; Christian Helmer, Orbazzano ; Josè Maria Lo Monaco, Isaura ; Sarah Tynan, Roggiero. Chœur du Théâtre des Champs-Élysées (chef de chœur : Alexandre Piquion). Orchestre Philharmonique de Radio France, direction : Enrique Mazzola
La transposition de l'action d'Otello à une époque contemporaine, le mois dernier, dans le même cycle Rossini du Théâtre des Champs-Élysées (lire notre chronique), avait au moins l'intérêt d'être un concept.
Celle de Tancredi actuellement présentée n'a pas le moindre prétexte à opposer à sa vacuité. Que voyons-nous ? Des hommes en complet-vestons ou en uniformes noirs et peu seyants, des dames en talons aiguilles, des parois sombres, quelques meubles de bureaux, et… c'est tout ! On n'ira pas plus loin dans la description, car c'est moche, inintéressant, gratuit, et sans le moindre quart du bout d'une idée. Une version de concert aurait été plus économique, et moins irritante.
Fort heureusement, la distribution est de haut vol. Grande gagnante à l'applaudimètre, Patrizia Ciofi illumine la scène de sa beauté physique et vocale, de sa présence, et de sa science du belcanto. Les roulades et les embellissements sont stupéfiants de précision. Cependant, certains aigus sont incertains, et l'incarnation du personnage manque légèrement de sentiments.
Pour lui donner la réplique, Marie-Nicole Lemieux est une partenaire idéale. Les timbres des deux femmes se marient de façon parfaite, culminant dans un sublime duo d'amour au deuxième acte. Le rôle de Tancredi, surtout dans le finale tragique de Ferrare, donne lieu à très peu de déchaînements pyrotechniques, et la contralto est magnifique de sobriété et d'émotion contenue, même s'il est permis de penser, surtout dans une salle surchauffée et à une place inconfortable, que ce brave guerrier met bien longtemps à trépasser !
Antonino Siragusa n'est peut-être pas le plus distingué des rois de Sicile, mais il en a exactement les moyens, avec une grande souplesse dans les vocalises et des aigus vaillants. Christian Helmer fait montre d'un très joli timbre dans le rôle du méchant de service. On préfère le charmant Roggiero de Sarah Tynan à la terne Isaura de Josè Maria Lo Monaco.
Alors qu'on remarque la cohésion et l'engagement du chœur, l'Orchestre Philharmonique de Radio France effraie de prime abord, avec une ouverture débraillée, sans homogénéité, et des trompettes particulièrement intrusives. Puis, sous la baguette d'Enrique Mazzola, les choses se mettent en place petit à petit, jusqu'à offrir une prestation des plus satisfaisantes.
Crédit photographique : Patrizia Ciofi (Amenaide) et Marie-Nicole Limieux (Tancredi) ; Marie-Nicole Limieux (Tancredi), Sarah Tynan (Roggiero) et Christian Helmer (Orbazzano, à terre) © Vincent Pontet
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Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 19-V-2014. Gioachino Rossini (1792-1868) : Tancredi, opéra en deux actes sur un livret de Gaetano Rossi. Mise en scène : Jacques Osinski. Costumes : Christophe Ouvrard. Lumières : Catherine Verheyde. Avec : Marie-Nicole Lemieux, Tancredi ; Patrizia Ciofi, Amenaide ; Antonino Siragusa, Argirio ; Christian Helmer, Orbazzano ; Josè Maria Lo Monaco, Isaura ; Sarah Tynan, Roggiero. Chœur du Théâtre des Champs-Élysées (chef de chœur : Alexandre Piquion). Orchestre Philharmonique de Radio France, direction : Enrique Mazzola