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Marseille. Opéra. 10-V-2014. Edouard Lalo (1823-1892) : Le Roi d’Ys, opéra en trois actes sur un livret d’Edouard Blau. Mise en scène : Jean-Louis Pichon. Décors : Alexandre Heyraud. Costumes : Frédéric Pineau. Lumières : Michel Theuil. Avec : Inva Mula, Rozenn ; Béatrice Uria-Monzon, Margared ; Florian Laconi, Mylio ; Philippe Rouillon, Karnac ; Nicolas Courjal, le roi ; Patrick Delcour, Saint Corentin ; Marc Scoffoni, Jahel. Choeur de l’Opéra de Marseille (chef de chœur : Pierre Iodice), Orchestre philharmonique de Marseille. Direction : Lawrence Foster
Dans les notes d'intentions de ce Roi d'Ys, représenté pour la première fois en 2007 à Saint-Etienne, puis en 2009 à Liège (ce dernier ayant fait l'objet d'une captation DVD sous l'étiquette Dynamic) Jean-Louis Pichon décrit la légendaire cité courbée sous la religion d'Etat, envahie par la frustration, la haine, la jalousie et le culte effréné du pouvoir.
Cela nous vaut une mise en scène sombre, dans des décors oppressants de falaises noires barrées d'une écluse, où la mer peut s'engouffrer à tous moments. Les costumes des choristes sont ceux d'une assemblée bigote au XIX° siècle, ceux des héros d'un Moyen-Age élégant, ceux des « méchants » d'un rouge tranchant. La direction d'acteur est complètement inexistante, laissant les chanteurs esquisser quelques vagues gestes convenus. Bref, on ne rigole pas dans la vénérable cité d'Ys, et le spectateur non plus.
Fort heureusement, la distribution est superlative. Vainqueur à l'applaudimètre, Florian Laconi est un Mylio idéal, qui possède toute la vaillance et l'éclat d'un chef de guerre, mais qui sait alléger pour une suave aubade, avec des aigus en voix mixte tout juste parfaits. Beaucoup de ténors se sont cassés les dents sur cette double facette du rôle, parfois trop légers, parfois trop frustes, lui y est souverain. Deuxième dans les faveurs du public, Nicolas Courjal est comme une friandise dans un personnage somme toute secondaire. La beauté du timbre, l'autorité, la noblesse, le hissent, malgré la rareté de ses interventions, au niveau d'un premier plan.
Margared convient bien à Béatrice Uria-Monzon, elle peut y déployer ses graves veloutés autant qu'une ligne souveraine. Le personnage est fouillé, celui d'une femme déboussolée, prête à tout pour venger son amour perdu, en lieu et place d'une vengeresse démoniaque tout en premier degré, comme on l'imagine trop souvent. Plus anodine scéniquement, Inva Mula, dont le timbre s'est légèrement durci avec les années, n'a rien perdu de sa science des sons filés. Toujours excellent diseur, Philippe Rouillon en Karnac semble bien raide, et perd de vue son legato.
Malgré les gros progrès accomplis par l'Orchestre de l'Opéra de Marseille ces dernière années, et les efforts de Lawrence Foster, l'orchestration d'Edouard Lalo reste l'extrême limite de ses capacités. De la même façon, le chœur reste correct, mais plutôt mou, avec une articulation très floue.
Crédit photographique : Inva Mula (Rozenn) et Florian Laconi (Mylio) ; Philippe Rouillon (Karnac) – en arrière plan Béatrice Uria-Monzon (Margared) et Nicolas Courjal (le Roi) © Christian Dresse
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Marseille. Opéra. 10-V-2014. Edouard Lalo (1823-1892) : Le Roi d’Ys, opéra en trois actes sur un livret d’Edouard Blau. Mise en scène : Jean-Louis Pichon. Décors : Alexandre Heyraud. Costumes : Frédéric Pineau. Lumières : Michel Theuil. Avec : Inva Mula, Rozenn ; Béatrice Uria-Monzon, Margared ; Florian Laconi, Mylio ; Philippe Rouillon, Karnac ; Nicolas Courjal, le roi ; Patrick Delcour, Saint Corentin ; Marc Scoffoni, Jahel. Choeur de l’Opéra de Marseille (chef de chœur : Pierre Iodice), Orchestre philharmonique de Marseille. Direction : Lawrence Foster