Lisa Batiashvili et Yannick Nézet-Seguin au Festival de Pâques d’Aix
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Festival de Pâques. Aix en Provence. Grand Théâtre de Provence. 16-IV-2014. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : concerto pour violon en ré majeur op.61. Piotr Ilyitch Tchaïkovsky (1840-1893) : Symphonie n°6 en si mineur, « Pathétique». Lisa Batiashvili, violon. Orchestre Philharmonique de Rotterdam. Yannick Nézet-Séguin, direction.
Pour la deuxième édition du festival de Pâques, les organisateurs ont élaboré un programme varié dans lequel s'illustrent les musiciens de la nouvelle génération. Parmi eux, le chef Yannick Nézet- Séguin et la violoniste Lisa Batiashvili; deux des nouvelles stars du classique; dans le cadre d'une tournée avec le Philharmonique de Rotterdam.
En ce mercredi 16 avril, les débats s'ouvrent avec le concerto pour violon de Beethoven. Yannick Nézet-Séguin met en place dès les premières mesures une fine construction, déroulant un tapis sonore d'une dimension apollonienne. L'amplitude expressive de la phalange hollandaise manque toutefois de corps et ne donne sa pleine mesure qu'au bout d'une dizaine de minutes. Les musiciens semblaient jusque-là suivre les intentions de la soliste, résolument dans un grand soir. L'échange s'équilibre lors de la reprise orchestrale du thème principal, servit par une densité organique côté cordes, entraîné par une gestuelle aussi précise que libre de la part d'un chef instinctif. A ses côtés, la géorgienne brille dans tous les compartiments du jeu : velouté du timbre, rondeur des graves et surtout une intensité expressive savamment dosée. Son discours sait aussi se faire véhément dès que le texte s'anime. Si l'orchestre manque parfois de respiration dans les étreintes du sublime Larghetto, il répond avec verve aux interventions toujours à propos de la soliste dans un Rondo d'une fraîcheur immédiate. Le choix audacieux des deux cadences d'Alfred Schnittke (écrites pour Gidon Kremer) est tourné vers la modernité mais semble à cet instant-là rompre l'unité d'ensemble malgré une maîtrise évidente de ce langage musical. Ovationnés par un public entièrement conquis, les musiciens nous offrent un bis de Tsintsadze qui met à l'honneur le pays d'origine de Lisa Batiashvili. Cette mélodie imprégnée du folklore local nous touche par sa mélancolie pénétrante et ses harmonies aux portes de l'Orient.
Le contraste de climat est total avec les premières notes de la « Pathétique ». Avec gravité, les différents pupitres sont à leur meilleur et instaurent un lyrisme flamboyant, notamment dans le soyeux Allegro con grazia, qui prend source dans une profondeur expressive. Le chef québécois propose ainsi une lecture équilibrée de cette longue introspection existentielle, proche de la version gravée récemment pour Deutsche Grammophon. On regrettera juste le choix d'un tempo extrêmement vif pour l'Allegro molto vivace qui sonne plus germanique que russe. L'Adagio Lamentoso laisse, quant à lui, éclater grandeur et richesse harmonique pour s'achever sur une note douce- amère empreinte de résignation.
Crédits photographiques : Aline Paley/Verbier Festival 2013
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Festival de Pâques. Aix en Provence. Grand Théâtre de Provence. 16-IV-2014. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : concerto pour violon en ré majeur op.61. Piotr Ilyitch Tchaïkovsky (1840-1893) : Symphonie n°6 en si mineur, « Pathétique». Lisa Batiashvili, violon. Orchestre Philharmonique de Rotterdam. Yannick Nézet-Séguin, direction.