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Otello de Rossini au Théâtre des Champs-Élysées

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Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 7-IV-2014. Gioachino Rossini (1792-1868) Otello, opéra en trois actes sur un livret de Francesco Berio di Salsa. Mise en scène : Moshe Leiser et Patrice Caurier. Décors : Christian Fenouillat. Costumes : Agostino Cavalca. Lumières : Christophe Forey. Avec : John Osborn, Otello ; Cecilia Bartoli, Desdemona ; Edgardo Rocha, Rodrigo ; Barry Banks, Iago ; Peter Kálmán, Elmiro ; Liliana Nikiteanu, Emilia ; Nicola Pamio, le Doge ; Enguerrand de Hys, un gondolier. Chœur du Théâtre des Champs-Élysées, chef de chœur Gildas Pungier. Ensemble Matheus. Direction : Jean-Christophe Spinosi

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La mode de l'intelligentsia parisienne étant de huer systématiquement les mises en scène lors des  premières, à croire qu'elle n'achète un billet rien que pour cela, on se gardera bien de jouer les suiveurs, en trouvant le travail de   et , qui ne sont pas d'ordinaire notre tasse de thé, plutôt intéressant.

L'action est replacée à une époque contemporaine indéterminée. Le premier acte se déroule dans l'antichambre d'un bâtiment officiel, percé de nombreuses portes, dont l'une donne sur la salle de la réception donnée en l'honneur d'Otello, vainqueur des Turcs pour la République de Venise. Cette situation géographique permet de façon intelligente, et en parfaite osmose avec la musique, de dérouler les nombreux discours et apartés que contiennent cette partie d'exposition. Un serveur noir est régulièrement l'objet d'humiliations diverses.

Les actes suivants nous donnent à voir en alternance la chambre de Desdemona, dans un palais vénitien aux murs ocres et décrépis, et le lieu de résidence d'Otello, sorte de café louche, où on écoute de la musique berbère. C'est là le concept des metteurs en scène : nous faire toucher du doigt la différence d'Otello, le Maure, en actualisant le propos, et de cette façon rendre intelligible les raisons de sa jalousie meurtrière. Etait-ce nécessaire, utile, intelligent ? On ne saurait aller jusque là, mais au moins cela nous a-t-il évité l'ennui d'une direction d'acteurs statique au milieu de colonnes corinthiennes, et ne méritait pas les foudres d'un public à la mauvaise éducation, très pressé de huer pour bien montrer qu'il est d'une intelligence supérieure à la moyenne, de ceux à qui « on ne la fait pas ».

a également essuyé quelques sifflets. Sa direction est très rapide, nerveuse, contrastée, mais aussi soucieuse des chanteurs. Une fois habitué à la sonorité sèche de l', on l'écoute sans déplaisir, mis à part les discordances de la clarinette et des cors. Une bonne fois pour toutes, imposer des cors naturels, tout en sachant qu'ils détonneront forcément, quelque soit la qualité de l'instrumentiste, ne relève-t-il pas d'un dogmatisme forcené ?

n'a peut-être pas l'exacte voix de baryténor telle que Chris Merritt ou Bruce Ford nous ont habitué à l'entendre. On laissera la discussion aux pinailleurs, car la beauté du timbre, le soleil des aigus, la solidité des graves, l'engagement dramatique, font passer le grand frisson. est un ténor agréable, à la voix suave, mais sous-dimensionné pour Rodrigo. Les vocalises, en particulier, manquent cruellement de netteté. Ce chanteur prometteur semble plus destiné à Bellini qu'à Rossini.

, en revanche, ne fait qu'une bouchée du rôle de Desdemona. Tout aussi ébouriffante dans les passages de virtuosité pure que touchante dans l'air du saule, l'incarnation est tout bonnement magistrale. Aidée par ses complices et , avec qui elle collabore régulièrement, elle transforme la douce et plaintive héroïne imaginée par le librettiste Francesco Berio di Salsa en femme libre et déterminée.

n'a pas le timbre le plus plaisant du monde, mais il connaît le style rossinien sur le bout des doigts, et il sait déployer toute la dimension sournoise du personnage de Iago. est un Elmiro sans reproche.

Crédit photographique : (Roderigo), (Desdemona) et (Otello) © Vincent Pontet / Wikispectacles

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Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 7-IV-2014. Gioachino Rossini (1792-1868) Otello, opéra en trois actes sur un livret de Francesco Berio di Salsa. Mise en scène : Moshe Leiser et Patrice Caurier. Décors : Christian Fenouillat. Costumes : Agostino Cavalca. Lumières : Christophe Forey. Avec : John Osborn, Otello ; Cecilia Bartoli, Desdemona ; Edgardo Rocha, Rodrigo ; Barry Banks, Iago ; Peter Kálmán, Elmiro ; Liliana Nikiteanu, Emilia ; Nicola Pamio, le Doge ; Enguerrand de Hys, un gondolier. Chœur du Théâtre des Champs-Élysées, chef de chœur Gildas Pungier. Ensemble Matheus. Direction : Jean-Christophe Spinosi

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