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Marié à la ballerine Svetlana Zakharova, Vadim Repin est naturellement attentif à la danse. La première édition du festival du Transsibérien se devait donc d'honorer cet art.
Le festival du Transsibérien voyait la présentation du premier prix Prix Lyubov Gershunova. Le prix nommé en l'honneur d'une danseuse légendaire russe, native de Novossbirsk est attribué à Vera Sabantseva du ballet de l'opéra de Vienne, mais aussi originaire de la capitale sibérienne et ancienne membre de la troupe de l'Opéra-ballet local. Cette remise de prix se déroulait en marge d'une nouvelle production du Casse-Noisette du chorégraphe Igor Selensky à laquelle l'étoile participait dans le rôle de Clara. Cette production est la plus coûteuse de l'histoire du ballet de Novossibirsk tant l'attention portée aux moindres détails des décors et de costumes frisait la maniaquerie. Mais le ballet est ici une religion et l'on ne lui refuse rien.
On est ici dans la valorisation, légèrement actualisée, d'une tradition séculaire, tout est hyper-esthétique et ultra élégant dans les solos et les ensembles. Les traditionnels numéros dansés étaient à même de ravir les grands et les petits et même les tout-petits, très nombreux dans l'auditoire. Le Casse-noisette reste en Russie une sortie familiale. L'autre tête d'affiche de la représentation résidait dans la prestation de Sergeï Polunin, le « bad boy de la danse », tel qu'il fut nommé en « Une » de The Economist. La présence charismatique du danseur, incomparable d'élégance, de style et de précision technique transcende cette représentation et stimule le corps de ballet à donner le meilleur de lui-même. Même la pourtant excessivement brillante Vera Sabantseva semble timide aux côtés d'un tel danseur.
Deux jours plus tard, Vadim Repin montait sur scène, avec son épouse Svetlana Zakharova, pour une soirée mixant violon et danse, accompagnée par l'orchestre de chambre de Novossibirsk. Naturellement, la grande star du Bolchoï est au cœur de quatre chorégraphies, en solo ou en ensemble avec d'autres danseurs (Andrei Merkuriev, Vladimir Varnava, Vyacheslav Lopatin et Dimitry Zagrebin) d'Edwaard Liang, Vladimir Varnava, Motoko Hirayama, Mikhail Fokine et Johan Kobborg. Un tel programme permet à l'étoile de montrer la palette d'une technique phénoménale et la force de son expressivité. On retient surtout le solo puissamment dramatique « Revelation » sur une musique de John Williams de Motoko Hirayama, explorant les limites de la raison humaine. Entre des morceaux très exigeants et très narratifs (en particulier le duo « Plus Minus Zero » sur les Frates d'Arvo Pärt), Vadim Repin, détendait un peu l'atmosphère avec des partitions légères comme le « Tambourin chinois » de Fritz Kreisler ou la « Csardas » de Vittorio Monti.
La soirée, sans entracte se clôt par une « Danse des Gnomes » d'Antonio Bazzini, variations comiques et désopilantes du chorégraphe Johan Kobborg. Classique dans son propos, mais novatrice dans son aspect, le spectacle est acclamé par le public.