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Vadim Repin, à l’heure du transsibérien

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Violoniste star, lance son festival dans sa ville natale sibérienne de Novossibirsk. Situé sur la ligne ferroviaire du Transsibérien, ce nouveau festival prend naturellement le nom du légendaire train. nous présente cette première édition du Festival du Transsibérien.

vadim repin 2014

« Ma mère, qui habite toujours Novossibirsk, est fière de moi »

ICMA : Pourquoi avez-vous initié un festival ?

 : Novossibirsk est ma ville natale. Il y a des gens là-bas qui m'ont demandé, il y a déjà plusieurs années, de fonder un festival. J'avais toujours dit non parce que je ne pensais pas que le bon moment était venu et toutes les conditions n'étaient pas réunies. Maintenant Novossibirsk possède une nouvelle salle de concert. Elle porte le nom du chef d'orchestre Arnold Katz et elle peut accueillir 1 200 personnes. Cette nouvelle infrastructure est importante pour moi. Je me suis donc décidé à lancer le festival et depuis six ou sept mois, nous travaillons sur tous les aspects de la programmation et de la philosophie du festival.

ICMA : Quel est donc le concept du festival ?

VR : Le concept est très simple : je veux inviter de grands musiciens et leur donner la possibilité de jouer les musiques qu'ils aiment. Trop souvent, en tant que musicien, vous devez accepter certaines programmations et vous ne pouvez pas choisir librement ce que vous allez interpréter. Pour moi, un musicien doit se sentir libre afin de donner le meilleur de lui-même.

ICMA : Quels sont les artistes invités lors de cette première édition ?

VR : Je suis très heureux car beaucoup de collègues  musiciens de haut vol ont accepté mon invitation. Par exemple, le chef d'orchestre Kent Nagano dirigera le concert d'ouverture et Valery Gergiev sera au pupitre de celui de clôture. Il y aura aussi l'English Chamber Orchestra, Mario Brunello, la mezzo-soprano Olga Borodina, les pianistes Nikolai Lugansky et Andrei Korobeinikov. Il y aura une performance violon/danse  avec mon épouse, la danseuse étoile Svetlana Zakharova. J'ai aussi inscrit au programme une création mondiale d'un concerto pour violon du compositeur israélien Benjamin Yusupov.  Je serai accompagné par l'Orchestre philharmonique de Novossibirsk et son chef principal Gintaras Rinkevičius. Je suis aussi attentif à aller vers les jeunes artistes et étudiants : un des concerts sera placé sous le signe de l'orchestre du Conservatoire de Novossibirsk.  Nous irons également à la rencontre des étudiants de l'université. Enfin, il y aura une place pour la musique de films. Le programme est assez varié, comme vous le voyez.

ICMA : Vous avez choisi une date relativement tôt dans l'année. Il fera encore froid à Novossibirsk ?

VR :  (Rires) J'espère que la température sera aux alentours de 15°c. Mais il était crucial de lancer ce festival au printemps. C'est une nouvelle saison qui démarre, cela signifie une nouvelle force, une nouvelle vie et de la bonne humeur, ce qui était très important pour nous.

ICMA : Qu'en est-il des financements du festival ?

VR : En Russie, nous avons cette année, non seulement les Jeux olympiques d'hiver, mais aussi une année dédiée à la culture. C'est très positif de lancer le festival dans ce cadre. Mais nous trouvons aussi  beaucoup de soutiens dans la région, de plus le gouverneur est entièrement derrière le festival.

ICMA : Dans ce festival, vous êtes au four et au moulin : artiste et manager. Comment parvenez-vous à concilier les deux ?

VR : Ce  festival est mon bébé. Pour le festival, je suis derrière chaque instant, très attentif à chaque détail et j'en suis très heureux car cela me donne même beaucoup de plaisirs. Ce n'est pas seulement un festival de musique mais un vrai régal. Ma mère, qui habite toujours Novossibirsk est fière de moi et nous ressentons la même excitation avec le festival.

ICMA : Le festival vous prend beaucoup de temps. Est-ce que cela interfère avec votre carrière de violoniste ? Comment faites-vous pour garder votre niveau à son meilleur ? Est-ce qu'avec le temps, vous pouvez vous permettre de moins pratiquer le violon ?

VR : Non, non ! Ce ne sera jamais facile. Au contraire ! La pression est plus forte. J'ai parfois l'impression que j'ai besoin, aujourd'hui, de plus de pratique qu'auparavant. J'ai également besoin de plus de concentration. Mais ma vie est dédiée au violon, même avec le festival.

ICMA : Vous m'aviez déclaré être tenté  par la direction d'orchestre. Où en êtes-vous avec ce projet ?

VR : Eh bien, je n'ai pas eu le temps de le concrétiser. Il s'agit d'une envie certes, mais je souhaite la finaliser au plus haut niveau possible et il faut du temps pour cela.

Cet entretien a été réalisé à Paris, en février 2014, par Rémy Franck, Président du Jury des ICMA (International Classical Music Awards) et rédacteur en chef de www.pizzicato.lu, sur lequel cet entretien a été publié en allemand.

Crédits photographiques : © Gela Megrelidze

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