Olivier Py restera à Avignon. Sa position était contestable : en prônant le départ de la Cité des Papes, il privait les 70% de votants avignonnais qui n’ont pas voulu du FN d’un formidable outil de résistance. Il donnait au camp Bleu Marine un bon moyen de se plaindre, de dénoncer la culture « bobo intellectuelle gauchisante » qui avec l’Union européenne, la sécurité et l’immigration sont leurs sujets favoris de combat. Mais Olivier Py a pris position. Qui l’a suivi ? Jean-Michel Ribes, Thomas Ostermeier, et qui d’autre ? Le bilan est un peu maigre. Les élections municipales 2014 ont été pourtant un excellent moyen de donner de la voix, d’autant que la récente réforme du statut des intermittents affaiblit un peu plus les artistes.
Hénin-Beaumont, Beaucaire, Béziers, Hayange, Cogolin, Le Luc, Le Pontet, Villers-Cotterêts, Fréjus, Mantes-la Ville, Marseille 13/14, Orange, Bollène et Camaret. Quels sont les points communs de ces villes ? L’absence de structures culturelles importantes. Evidemment on ne parle pas d’opéras, d’orchestres symphoniques ou de scènes internationales, mais de réseaux culturels, de médiathèques actives, d’une salle proposant des spectacles qui font réfléchir et non de simples divertissements. Une seule exception, le Théâtre du Merlan à Marseille (14e arrondissement), qui est une scène nationale – mais surtout la scène nationale qui a le plus petit budget de France… Il y a bien les Chorégies à Orange, mais la programmation très traditionnelle de ce festival n’est pas vraiment un contre-pouvoir.
Combien de villes vont continuer à tomber dans l’escarcelle de l’extrême-droite ? Combien de temps faudra-t-il aux politiques de droite comme de gauche pour comprendre que la culture au sens large est un des meilleurs remparts contre ces idées noires ? Jean-Claude Gaudin, pour la quatrième fois Maire de Marseille avec une majorité qui n’a jamais été aussi forte va-t-il investir en masse dans le 7e secteur détenu par Stéphane Ravier ? Va-t-il mieux doter sa Scène nationale du Merlan ? Les communes qui ont senti de près le vent mauvais souffler (Avignon, Perpignan, Forbach, Saint-Gilles, Tarascon, Cavaillon, Carpentras, Brignoles, etc.) vont-elle se réveiller et allumer des contre-feux ? Les patrimoines folkloriques et religieux seront-ils enfin mis en valeur de façon humaniste pour ne pas tomber définitivement dans les milieux réactionnaires ? Les Chorégies vont proposer cet été Nabucco et Otello, deux opéras au contenu politique fort. Parions qu’il y aura de jolis décors, de beaux costumes et rien qui ne rappelle dans ces deux histoires de despotes l’ambiance politique locale… Quelques hommes de théâtre ont fait entendre leurs voix. Mais que font les musiciens ? Un scénario à la turque est à craindre dans les 14 villes dirigées par l’extrême-droite.