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Paris, Opéra-Comique. 22-II-2014. Albéric Magnard (1865-1914) : Quintette avec piano op. 8 ; César Franck (1822-1890) : Quintette pour piano et cordes en fa mineur M 7. Marion Ralincourt, flûte ; Olivier Rousset, hautbois ; Benjamin Dieltjens, clarinette ; Julien Debordes, basson ; Alessandro Moccia et Bénédicte Trotereau, violon ; Jean-Philippe Vasseur, alto ; Andrea Pettinau, violoncelle ; Alain Planès, piano.
L'école franckiste comme miroir tendu à Pelléas…pourquoi pas ? Debussy était plus enclin à louer Franck et d'Indy que Wagner. Et puis Magnard fait preuve dans son Quintette pour piano et vents d'un véritable éclectisme de styles. Chaque mouvement étonne, de la fugue qui survient au milieu du premier, de la danse orientalisante du hautbois sur fond de piano tambourinant (troisième mouvement) jusqu'aux passages en 2/1, assez fauréens, du finale, qui débouche encore plus bizarrement sur un récitatif pour le basson.
Les bois anciens utilisés ici ravissent constamment par leurs sonorités douces et fondues. Les possibilités dynamiques sont certes moindres que dans les instruments modernes, et c'est peut-être la raison pour laquelle le début de l'œuvre, d'un caractère « sombre », semble manquer un peu de force. D'ailleurs, la flûte et le basson, qui est certainement de facture française avec son aigu plaintif, ne ressortent nettement que dans leurs solos. Mais après tout, le compositeur reste mesuré dans ses indications, se limitant le plus souvent à ff ou à pp.
Quant au piano, il est bien antérieur à la composition des œuvres (un Blüthner de 1856, soit les débuts de cette firme). Mais quel instrument superbe ! Grave et aigu ne sont pas moins timbrés que sur un piano moderne, juste plus claquants, mais sans sécheresse. Le médium a moins d'éclat et le toucher n'a pas une grande variété, mais cela fonctionne très bien. L'entente d'Alain Planès avec les instrumentistes de l'Orchestre des Champs-Elysées est d'ailleurs parfaite, sauf à l'extrême fin, après d'incessants changements métriques.
Le Quintette de Franck est évidemment bien connu. Encore l'éclairage des instruments anciens (des cordes en boyau vraisemblablement) se révèle-t-il là aussi précieux. Quelle acuité d'archet dans le début du Finale, puis lorsque le thème est repris en valeurs longues, maestoso ! Alessandro Moccia, qui est aussi premier violon de l'orchestre, renouvelle sa partie par un usage ténu du vibrato et une admirable souplesse de la ligne. Mais il n'y a pas d'hiatus avec ses collègues, et même un beau son d'ensemble. Surtout, cette relecture est d'autant plus convaincante qu'elle ne se permet aucun maniérisme, bien au contraire. La strette du premier mouvement montre d'ailleurs que les musiciens connaissent les limites de leurs instruments. On a déjà entendu ce Quintette joué de façon plus athlétique, mais pas mieux senti.
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Paris, Opéra-Comique. 22-II-2014. Albéric Magnard (1865-1914) : Quintette avec piano op. 8 ; César Franck (1822-1890) : Quintette pour piano et cordes en fa mineur M 7. Marion Ralincourt, flûte ; Olivier Rousset, hautbois ; Benjamin Dieltjens, clarinette ; Julien Debordes, basson ; Alessandro Moccia et Bénédicte Trotereau, violon ; Jean-Philippe Vasseur, alto ; Andrea Pettinau, violoncelle ; Alain Planès, piano.