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Dijon. Plateau de l’Auditorium, 28-I-2014. Art Danse. Céleste / Terrestre, Dialogue Dansé. Conception de la chorégraphie : Jean-Christophe Boclé. Danseurs : Jean-Christophe Boclé et Pauline Bigot. Comédienne : Tamara Schmidt. Piano : Mathias Muracciole.
Que se passe t-il donc entre le chorégraphe et son interprète au moment de la conception d'un spectacle ? Comment s'approprier l'espace scénique ?
Quels liens, quels échanges s'établissent entre le Maître à penser et son exécutant (e) ? Que perçoit finalement le public de tout cela ? Ces questions, chaque créateur, qu'il soit plasticien, écrivain ou architecte, se les pose au moment d'aborder avec une sorte de crainte sacrée, sa « page blanche ». Jean-Christophe Boclé se les pose avec gravité et sérénité, sans pathos, et avec un sens de la beauté du geste assez apaisant pour le spectateur.
Mathias Muracciole plante en quelque sorte le décor de la soirée : son interprétation sensible du Prélude à l'Après-midi d'un Faune nous dit d'emblée que ce questionnement sera tranquille, hédoniste même ; comme le faune à demi ivre qui sommeille en rêvant à ses nymphes, le chorégraphe doit laisser venir l'inspiration avec une sorte de jouissance. Durant cette pièce de Debussy les deux danseurs s'approprient l'espace en déambulant souplement, chacun de son côté. Ce passage peut paraître un peu long, pourtant il faut examiner le vêtement de Pauline Bigot, pantalon style jogging, sweat-shirt mou, et ainsi comprendre que la danseuse sera comme une terre glaise à modeler. Par la suite, elle changera de tenue pour adopter des vêtements plus resserrés qui montreront davantage son corps et signifieront sans doute sa prise d'indépendance.
La chorégraphie est construite « en arche » : introduction et prise de possession de l'espace, solo de Pauline magnifiquement plastique et plein d'une sorte de pudeur, duo splendide « à l'unisson » sur une mazurka de Chopin, solo plus haché de la danseuse sur une pièce d'Alexandros Markeas très adaptée à une expression de déconstruction ; puis final de la séparation, de l'éloignement des protagonistes.
La comédienne rythme la chorégraphie avec des réflexions de Boclé, une lettre de Rainer-Maria Rilke, et une chronologie sèche : cela est-il toujours utile à la compréhension de l'œuvre ? Ces textes ne sont pas inintéressants en soi, mais on ne peut pas s'empêcher de se demander pourquoi le besoin de la parole est irrépressible et forcément indissociable des œuvres d'art contemporaines.
Cette chorégraphie laisse une impression de plénitude, d'une sorte de paix… Et si ce n'était pas là l'essentiel ?
Crédit photo: Bénédicte Bos
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Dijon. Plateau de l’Auditorium, 28-I-2014. Art Danse. Céleste / Terrestre, Dialogue Dansé. Conception de la chorégraphie : Jean-Christophe Boclé. Danseurs : Jean-Christophe Boclé et Pauline Bigot. Comédienne : Tamara Schmidt. Piano : Mathias Muracciole.