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Franz Schreker (1878-1934) : Die Gezeichneten, opéra en 3 actes sur un livret du compositeur. Avec Anja Kampe (Carlotta Nardi), Robert Brubaker (Alviano Salvago), Martin Gantner (Comte Andrea Vitelozzo Tamare), James Johnson (Duc Antoniotto Adorno), Wolfgang Schöne (Lodovico Nardi, Podestà), Beau Gibson (Menaldo Negroni), Joel Sorensen (Guidobald Usodimare), Hyung Yun (Michelotto Cibo), Eugene Brancoveanu (Gonsalvo Fieschi), Matthew Burns (Paolo Calvi), Ben Wager (Julian Pinelli), Keith Jameson (Pietro), Ronnita Nicole Miller (Martuccia), Corey Bix (1er. sénateur), José Adán Pérez (2ème. sénateur), Graig Colclough (3ème sénateur), Valerie Vinzant (Ginevra Scotti), Danielle Walker (une jeune fille), Robert MacNeil (1er. citoyen), Matthew Moore (2ème citoyen), Kenneth Kellogg (3ème. citoyen), Hak Soo Kim (un jeune homme), Gabriel Vamvulescu (son ami), Erica Brookhyser (la mère), Daniel Montenegro (le fils), Rebecca Tomlinson (une servante), Charles Lane (ténor solo), Robert Hovencamp (baryton solo), Gregory Geiger (basse solo). Choeur du Los Angelès Opera (chef de choeur : Grant Gershon); Orchestre du Los Angeles Opera, direction : James Conlon. Enregistré en 2010. 3 CD Bridge Records, Notice en anglais. Livret en anglais et allemand, texte chanté en allemand, Durée : 02:50:21
BridgeCes Stigmatisés (Die Gezeichneten) de Franz Schreker, philosémites et dégénérés, Entartete Musik selon le Reich hitlérien, disparaissent rapidement du répertoire, dès 1930.
Créés à Francfort le 25 avril 1918 (triomphe avec Else Gentner-Fischer, Karl Ziegler, Robert vom Scheidt, Walter Schneider et Ludwig Rottenberg à la direction) six ans après l'énorme succès de son Ferne Klang, sur un livret du compositeur – Zemlinsky, pressenti, avait finalement préféré s'éloigner et, sur ce même thème du laid et du grotesque, enfanter son propre Zwerg.
Il y a eu quelques efforts pour les ressusciter …. Francfort (1979), Venise (1984), Bruxelles (1988), Vienne (1991), Leeds (1992), puis Salzbourg (2006), Palerme (2010), Cologne (2013). Mais c'est bien peu. La première américaine aura lieu en avril 2010 à Los Angeles. S'ensuit aujourd'hui un superbe enregistrement de ce spectacle pris sur le vif au Dorothy Chandler Pavilion.
La musique, souvent fastueuse, luxueuse, superbement touffue, feuillue, mâtinée de relents wagnériens, straussiens, debussystes, l'orchestre, flamboyant, chauffé à blanc, expressionniste et sensuel, dirigé par un James Conlon rigoureux et pudique, puis opulent, ardent défenseur depuis toujours de ce répertoire post-romantique, vont droit au coeur, créent l'émotion, l'émoi, l'émerveillement.
L'ouverture, féroce ou recueillie, méditative ou d'acier, nous replonge d'emblée dans cette Vienne fin-de-siècle où sauront dominer Freud, Klimt et Berg, dans cette Italie du XVIème siècle où le grotesque et le grimaçant du rêve l'emporteront toujours sur la réalité. La Carlotta d'Anja Kampe (voix chaude et sensuelle, exaltée) dont l'unique ambition n'est autre que de reproduire sur la toile l'âme enlaidie, monstrueuse d'Alviano, et pour qui l'Art demeure in fine la seule solution, convainc dès les premiers instants, impose avec fracas l'expressionnisme, le Jugendstil et le lyrisme exacerbé de l'oeuvre (Dort, wo die Stadt weit wird). Brossé à traits plus que vifs, l'Alviano pervers, hideux… et cependant si humain ! (son Ich will, ich will final) de Robert Brubaker, au ténor dominateur et mordant , et qui fréquente le rôle depuis Salzbourg 2005, fait mouche….. tout comme le Comte Tamare, noble, veule et corrompu, de Martin Gantner, tout comme l'Adorno de James Johnson, au baryton engagé, d'une virilité bien affirmée, tout comme le Podestà de Wolfgang Schöne.
Les 24 autres rôles sont tous superbement tenus. Les voix de tous ces solistes passent admirablement l'épreuve du CD, pour nous remémorer ces nostalgies et ces frayeurs, délétères et déraisonnables, illogiques, insensées, ressenties et appréciées lors de cette inoubliable soirée d'avril 2010 que ne renieraient ni Norman Douglas ni von Gloeden ! En conclusion, l'un des CD les plus passionnants, les plus attachants de cette nouvelle année.
Vous pouvez aussi dénicher le très bon enregistrement dirigé par Lothar Zagrosek (Heinz Kruse, Elizabeth Connell, Monte Pederson), l'excellent DVD de Salzbourg, dirigé par Kent Nagano (Anne Schwanewilms, Robert Brubaker, Michael Volle) et l'audio-CD intégral de Hambourg 1960 (Evelyn Lear, Helmut Krebs, Thomas Stewart, Franz Krass, direction Winfired Zillig…. tout un programme !).
En coopération avec la Fondation Auschwitz sur les mémoires des violences politiques
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Franz Schreker (1878-1934) : Die Gezeichneten, opéra en 3 actes sur un livret du compositeur. Avec Anja Kampe (Carlotta Nardi), Robert Brubaker (Alviano Salvago), Martin Gantner (Comte Andrea Vitelozzo Tamare), James Johnson (Duc Antoniotto Adorno), Wolfgang Schöne (Lodovico Nardi, Podestà), Beau Gibson (Menaldo Negroni), Joel Sorensen (Guidobald Usodimare), Hyung Yun (Michelotto Cibo), Eugene Brancoveanu (Gonsalvo Fieschi), Matthew Burns (Paolo Calvi), Ben Wager (Julian Pinelli), Keith Jameson (Pietro), Ronnita Nicole Miller (Martuccia), Corey Bix (1er. sénateur), José Adán Pérez (2ème. sénateur), Graig Colclough (3ème sénateur), Valerie Vinzant (Ginevra Scotti), Danielle Walker (une jeune fille), Robert MacNeil (1er. citoyen), Matthew Moore (2ème citoyen), Kenneth Kellogg (3ème. citoyen), Hak Soo Kim (un jeune homme), Gabriel Vamvulescu (son ami), Erica Brookhyser (la mère), Daniel Montenegro (le fils), Rebecca Tomlinson (une servante), Charles Lane (ténor solo), Robert Hovencamp (baryton solo), Gregory Geiger (basse solo). Choeur du Los Angelès Opera (chef de choeur : Grant Gershon); Orchestre du Los Angeles Opera, direction : James Conlon. Enregistré en 2010. 3 CD Bridge Records, Notice en anglais. Livret en anglais et allemand, texte chanté en allemand, Durée : 02:50:21
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