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Enfin un opéra d’Alessandro Scarlatti

Des 114 opéras d', seule La Griselda semble avoir jusqu'à présent connu les honneurs de l'enregistrement discographique, même si Daniella Barcellona nous a gratifiés récemment d'un excellent disque d'extraits.

C'est dire que cette nouvelle réalisation, qui nous arrive tout droit de Norvège, vient combler un trou béant dans la production lyrique d'une période finalement peu connue de l'opéra baroque, celle qui se situe à mi-chemin entre l'opéra vénitien finissant et l'opéra napolitain qui devait triompher tout au long du dix-huitième siècle, et à la fondation duquel Scarlatti avait tant contribué. Le mélange des genres, proscrit par les règles néo-classiques que devait dans un futur proche établir un Zeno et surtout un Métastase, est ici encore de mise, et constitue à n'en pas douter une des grandes originalités de l'opéra de cette période.

Nous nous situons donc dans une esthétique résolument hybride, où l'air da capo règne déjà en maître et où suivantes et domestiques continuent à s'interpeler et s'apostropher, n'hésitant pas à singer et commenter dans la plus grande irrévérence les actions, nobles et ignobles, de leurs maîtres… La partition regorge autant de scènes comiques savoureuses que de ces airs tour à tour tendres et sublimes, où le pathos et l'exubérance baroque font appel à toutes les ressources de l'agilité et de la virtuosité vocales.
Le plateau réuni à l'occasion de cet enregistrement est dans l'ensemble homogène, sans être véritablement exceptionnel. Aucun point faible ne vient ternir une distribution que dominent d'assez loin le Lotario au timbre riche et vibrant de et la digne Giuditta de , à la voix néanmoins un peu terne pour un rôle de prima donna. Tout au plus pourrait-on reprocher aux différents chanteurs de manquer d'individualité, le recours à cinq voix graves féminines – y compris pour trois personnages masculins, de toute évidence conçus pour des castrats – ne permettant pas toujours de bien identifier et différencier les différents rôles. Une mention particulière, cependant, pour les chaudes couleurs de , Adalgiso au timbre profond et pénétrant.
L' n'était peut-être pas la phalange la plus excitante pour cette redécouverte bienvenue, mais il est illuminé par le violon solaire de , qui sait mieux que personne animer avec goût et discernement une instrumentation variée et riche en couleurs.
En bref, une réalisation indispensable pour tout véritable amoureux de l'opéra baroque.

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