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Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 12-XII-2013. Frédéric Chopin (1810-1849) : Sonate n° 2 en si bémol mineur op. 35 « Marche funèbre » ; Nocturne en ut mineur op. 48 n° 1 ; Franz Liszt (1811-1886) : Méphisto-Valse n° 1 S. 514 « Der Tanz in der Dorfschenke » ; Sonate en si mineur. Ivo Pogorelich, Piano.
Un événement très attendu de la saison musicale 2013-2014, l'unique récital parisien d'Ivo Pogorelich de l'année – son apparition sur scène est en soi très rare – a exigé une formidable patience de la part des auditeurs. On connaît son jeu très particulier, voire extravagant, sans parler de la fameuse anecdote lors du Concours international de piano de Varsovie en 1980 où Martha Argerich démissionna du jury, outrée par l'élimination du jeune candidat croate.
Ce jeu à la limite de la provocation, avec des tempi souvent excessivement lents, qui a tant fait polémique, est toujours là, mais peut-être dans une moindre mesure. Il est vrai que dans la première partie (Sonate de Chopin et la Mephisto-Valse de Liszt), les mouvements lents de chaque pièce sont déjà très lents. Mais ceux modérés et rapides sont dans un tempo “normal”, et les accords sont joués massivement plaqués, comme des rochers. Ce contraste laisse l'auditeur perplexe. Cependant, cela fait réfléchir à la conception même d'une interprétation pianistique ; jusqu'où peut-on prendre des libertés avec la littérature musicale ? Pogorelich impose des silences à travers des sons que lui seul peut sortir de cet instrument, et ce dans un espace de temps si large que ceux qui l'écoutent sont obligés de s'approprier son univers, avec beaucoup de patience donc.
Cet espace-temps est encore plus accentué dans la deuxième partie : le Nocturne de Chopin nécessite presque dix minutes et dans la Sonate de Liszt, le temps s'étire, suspend son vol ou rétrécit dans une seule mesure ; des notes d'une même valeur durent soit un dixième de seconde, soit deux secondes… Outre cette originalité, sa technique laisse parfois à désirer ; les trilles ne sont pas toujours réguliers, quelques passages manquent de fluidité. Mais toutes ces “maladresses” sont tellement assimilées à son style qu'elles en deviennent partie intégrante de son expression. Après chaque pièce, il s'incline profondément à trois directions, face, côtés jardin et cour, et très longuement, comme sa musique.
L'écouter en récital une fois tous les deux ans sera certainement très intéressant, mais aura-t-on quotidiennement le temps d'apprécier sa façon d'élargir des moments musicaux ? C'est avec cette question que nous avons quitté le Théâtre des Champs-Elysées.
Crédit photographique © DR
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Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 12-XII-2013. Frédéric Chopin (1810-1849) : Sonate n° 2 en si bémol mineur op. 35 « Marche funèbre » ; Nocturne en ut mineur op. 48 n° 1 ; Franz Liszt (1811-1886) : Méphisto-Valse n° 1 S. 514 « Der Tanz in der Dorfschenke » ; Sonate en si mineur. Ivo Pogorelich, Piano.
Oui même interrogations à la suite de ce récital de 2013 mais l’évolution ne confirme pas les craintes très bien explicitées de la commentatrice .
Le récital de Gaveau ( la salle lui va mieux ? ) a montré un pianiste éblouissant surtout dans la seconde partie du concert : les danses espagnoles de Granados et un cycle d’études tableaux de Rachmaninoff : pas de recherches extravagantes sur les tempos mais une sonorité triomphante au service de l’œuvre .
Non Pogorelich n’est pas et n’a jamais été un provocateur mais son histoire personnelle l’a sans doute amené à ces extrêmes .
Pourquoi pas de commentaites dans RM sur ce magnifique concert .