Wagner se raconte chez Folio et est passé au crible du droit pénal chez Fayard

Deux nouveaux ouvrages viennent compléter les différentes publications qui auront marquées cette année Wagner, avec d'un côté la reprise chez Folio de l'autobiographie Ma Vie et de l'autre un petit ouvrage plus léger, bien que marqué du très sérieux sceau du droit pénal allemand, qui passe en revue les crimes et délits commis par les protagonistes de L'anneau du Nibelung afin de leur attribuer une peine bien méritée.

Commençons par cette nouvelle édition de Ma Vie, autobiographie que Richard Wagner dicta à Cosima. La version qui nous en est proposée ici est légèrement abrégée, les éditeurs ayant choisi d'éliminer les passages où Wagner s'étend sur des considérations financières ou ses problèmes de santé, ainsi que les parties relatives à des personnages totalement oubliés aujourd'hui. Reconnaissons que ces coupures, dûment signalées et synthétiquement résumées dans le cours du texte, ne changent pas le fond et l'intérêt majeur de cette autobiographie, mais que quiconque voudrait trouver le texte complet pourrait se tourner vers les Éditions Perrin. Le présent ouvrage, un peu plus léger donc, se concentre sur l'essentiel, et vaut  principalement pas sa qualité éditoriale au premier rang de laquelle nous classeront l'excellente préface de Jean-François Candoni qui en une trentaine de pages dit absolument tout ce qu'il faut savoir pour lire, décoder et comprendre ce que Wagner a bien voulu dire mais aussi passer sous silence. Reprenant en la rajeunissant par endroit, la première traduction du texte réalisée par Noémi Valentin et Albert Schenk pour Plon en 1911, agrémentée de nombreuses notes et compléments biographiques et chronologiques, cette édition au format et au tarif poche s'impose dans cette catégorie.

Ernst Von Pidde né prussien en 1877 n'en était pas moins un réfractaire à l'art du bon Richard, ce qui lui valut sa mise à pieds, quelques semaines seulement après la prise de pouvoir par Hitler, alors qu'il était juge. En guise de vengeance, il mit à profit son temps ainsi libéré pour passer au crible du droit pénal l'ensemble de L'anneau du Nibelung. Comme chacun sait, ce long ouvrage ne manque pas de crimes et délits, parsemé qu'il est de quelques morts violentes et autres larcins. Ce qui donna l'idée au juge Van Pidde de convoquer à son tribunal fictif tous les prévenus qu'il juge alors avec objectivité, certains se voyant lourdement condamnés, d'autres bénéficiant de circonstances favorables, certains se trouvant innocentés. Chaque chapitre débutant par la citation des vers décrivant le forfait, se poursuit par l'analyse du dit forfait et l'énoncé de la sentence appropriée. C'est clair et net. Un tableau récapitulatif synthétisera l'ensemble des condamnations en fin d'ouvrage. Évidemment il faut prendre ce petit ouvrage édité chez Fayard avec un regard ludique, l'exercice pouvant s'appliquer avec autant d'acuité à de bien nombreux ouvrages du répertoire lyrique qui n'est pas avare d'événements fortement réprouvés par les lois en vigueur. Pas indispensable, mais amusant.