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Château d’Ecouen. Musée national de la Renaissance. Exposition « Un air de Renaissance. La musique au XVIe siècle », jusqu’au 6 janvier 2014.
Destinée à la fois aux musiciens, aux amateurs avertis et au grand public, l'exposition « Un air de Renaissance » au Musée de la Renaissance fait (re)découvrir la musique du XVIe siècle en abordant quatre thèmes : Musique sacrée ; Musique profane ; Musique et retour à l'antique ; et Musique, fastes et divertissement.
Les 97 œuvres, réparties selon ces quatre thématiques, nous présentent les caractéristiques, les lieux et les conditions de la pratique de la musique ainsi que ses acteurs, dans le contexte de ses évolutions formelle, théorique, technique et pratique.
La section « Musique sacrée » est abordée sous deux angles : la musique catholique et la réforme en musique. On y remarque d'abord des représentations d'enfants sous la forme d'anges musiciens et de chanteurs du chœur. Une représentation de l'orgue, très rare pour l'époque, est visible dans la gravure L'Empereur Maximilien assistant a la messe (1518). Parmi les partitions exposées, Les psaumes mis en rimes françoises (1562) de Clément Marot et Théodore de Bèze représentent la plus importante des publications musicales pour les protestants français. Diffusée massivement (imprimée à 24 000 exemplaires), la partition contient les 150 psaumes de David en français, en strophes d'égale longueur et en vers mesurés, tandis que la liturgie catholique utilise le texte latin, ni rimé ni mesuré. C'est là un exemple de l'évolution musicale radicale qui s'est déroulée dans cette période.
La deuxième section « Musique profane » met l'accent sur l'imprimerie musicale et sur l'essor de la pratique instrumentale, témoignages des pratiques domestiques et amateurs de musique. Du célèbre Chansonnier de Bayeux (vers 1514), manuscrit richement décoré, jusqu'à des recueils publiés chez Petrucci avec une nouvelle typographie musicale, de nombreuses partitions nous racontent l'important processus de vulgarisation de la musique. Ayant tiré leçon de la première édition de Chansons nouvelles en musique à quatre parties (1528), où les quatre parties étaient reliées et donc peu pratiques, l'imprimeur adopte dans Chansons de maître Clément Janequin Nouvelleme[n]t et Correcteme[n]t imprimées à Paris […] (1528), des « parties séparées » : une voix par volume.
L'exposition présente un certain nombre d'instruments, accompagnés d'une représentation picturale du même type d'instrument exposée à proximité. On peut ainsi admirer Portait d'un joueur de viole de Paolo Zacchia (1540-1550) à côté d'une Viole ou lyre de gambe réalisé par Gasparo da Salo (vers 1540). Pour la facture instrumentale, outre la magnifique Vihuela da mano (vers 1500), le Luth miniature et sa caisse nous fascine par son raffinement et la préciosité des détails. Cette curiosité avait pu servir d'argumentaire de vente, explique Benoît Damant, musicologue et musicien, l'un des commissaires de l'exposition.
La partie « Musique et retour à l'antique » propose deux aspects : la représentation iconographique à l'antique (bois et pierres sculptés, coupes, gravures…) et des ouvrages théoriques. Le manuscrit méticuleux du poète Jean Anthoine de Baïf, Chansonnettes mesurées (1586), est une parfaite illustration de l'idéal, soutenu par Charles IX, de l'union entre poésie et musique, basée sur la rythmique gréco-latine. On peut également contempler la superbe reliure royale en maroquin rouge aux armes d'Henri II, de Dodekachordon de Glareanus (1547), l'un des principaux ouvrages théoriques de l'époque.
La dernière section est consacrée à la musique des cérémonies et des divertissements. En effet, la musique jouait alors un rôle politique essentiel de démonstration de la richesse et de la puissance. Elle constituait un élément de faste, au même titre que les costumes ou les architectures occasionnelles d'apparat. Ainsi, l'estampe Deux tambours et deux flûtistes, de Baltasar Kuchler (1611), qui fait partie d'une série de 239 gravures représentant un mariage princier, nous transmet une atmosphère de pompe et de solennité. L'exposition se poursuit dans les salles permanentes avec 21 autres pièces mises en valeur dans un « parcours musical » .
Deux cabinets d'écoute permettent aux visiteurs d'entendre une trentaine de morceaux composés au XVIe siècle, offrant une interactivité fort intéressante.
Crédits photographiques : Zacchia Paolo, Portrait d'un joueur de viole, huile sur bois,89,1 x 62,5 cm. Paris, musée du Louvre, département des peintures. © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Franck Raux ; Théodore de Bèze et Clément Marot, Psaume II : « Quare fremerunt gentes », Livre : « Les psaumes mis en rimes françoises », édition Antoine Vincent, 1562. Papier imprimé et vélin (couverture), ouvert : 19,6 x 26 cm. Ecouen, musée national de la Renaissance. © Rmn-Grand Palais (musée de la Renaissance, château d'Ecouen) / Adrien Didierjean
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Château d’Ecouen. Musée national de la Renaissance. Exposition « Un air de Renaissance. La musique au XVIe siècle », jusqu’au 6 janvier 2014.