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Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 17-X-2013. Joseph Haydn (1732-1809) : Symphonie n°96 « Le Miracle ». Maurice Ravel (1875-1937) : Concerto pour piano en sol majeur. Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) : Symphonie n°1 « Rêves d’hiver ». Jean-Yves Thibaudet, piano ; Orchestre National de France, direction : Daniele Gatti.
On peut dire que Daniele Gatti tarde à entrer dans le vif du sujet. Après un concert d'introduction en septembre, le chef de l'Orchestre National de France, qui propose au public parisien une intégrale des symphonies de Tchaïkovski, tient encore à faire précéder la première d'entre elles de deux autres œuvres, la présentant en quelque sorte dans un écrin, enveloppée de la musique des deux siècles voisins. Mais c'est bien volontiers que l'on fait preuve de patience : on savoure d'autant plus l'émotion de l'œuvre de Tchaïkovski qu'elle a fait suite à la légèreté irrépressible de Haydn (la Symphonie n°96), et à l'allégresse fougueuse qui est la sève du Concerto en sol de Ravel.
Dans l'une et l'autre de ces œuvres introductives, on est séduit par l'apparente facilité de l'exécution : les déphasages que l'on perçoit çà et là entre les instrumentistes n'empêchent en rien de goûter le contrepoint, les dialogues au sein de l'orchestre, ni d'apprécier l'énergie avec laquelle Daniele Gatti entraîne ses musiciens à penser la symphonie de Haydn comme une large fresque cohérente plutôt qu'une succession décousue de traits de cordes.
Jean-Yves Thibaudet, au service de la vision du chef, apporte son jeu souple et sa virtuosité discrète. Le Concerto de Ravel, sous ses doigts, est d'une rare tension. Les deux volets extrêmes de l'œuvre, joués à un tempo presque insensé, ont quelque chose d'électrisant, et les volutes alanguies du mouvement central n'offrent pour tout repos que la vision inquiète d'un abîme de mélancolie. Le pianiste conclut cette partie du concert en donnant en rappel la Pavane pour une infante défunte, un bis osé pour des spectateurs encore frémissant d'excitation, mais idéal pour réaffirmer que la dextérité n'est rien si elle n'est doublée d'un profond sens expressif – comme Thibaudet en possède manifestement.
La symphonie de Tchaïkovski, tant attendue, couronne un concert en tout point remarquable. On retrouve intact le talent théâtral de Gatti pour conduire les vastes progressions chromatiques et les accélérandos tout en halètement, mais le chef sait aussi accorder aux musiciens solistes une vraie liberté lyrique. Quelle merveille, à ce titre, que le duo hautbois-basson de l'Adagio cantabile ! La saveur si typique de l'orchestre tel que Tchaïkovski le conçoit est pleinement restituée, depuis les lignes menaçantes de violoncelle dans le premier mouvement, aux tutti éclatants du finale. Et puisque cette première symphonie contient en germe tout ce qui fit le succès des suivantes, il nous tarde de voir se poursuivre cette intégrale si prometteuse !
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Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 17-X-2013. Joseph Haydn (1732-1809) : Symphonie n°96 « Le Miracle ». Maurice Ravel (1875-1937) : Concerto pour piano en sol majeur. Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) : Symphonie n°1 « Rêves d’hiver ». Jean-Yves Thibaudet, piano ; Orchestre National de France, direction : Daniele Gatti.