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Besançon. Théâtre. 28-IX-2013. Misato Mochizuki (née en 1969) : Musubi. Aram Khatchatourian (1903-1978) : Concerto pour violon. Sergueï Rachmaninov (1873-1943) : Symphonie n°2 en mi mineur op.27. Leonard Schreiber, violon. Orchestre symphonique de la Ville de Moscou-Philharmonique russe, direction : Kazuki Yamada
Richard Strauss le disait : ce n’est pas le chef qui doit transpirer, mais le public. Aucun doute qu’il ait eu raison ce soir pour le dernier concert du Festival bisontin, au Théâtre. Mais si la température interne de la salle faisait tomber les vestes des musiciens de l’orchestre moscovite en deuxième partie, si les applaudissements frénétiques n’ont pas incité Léonard Schreiber à rajouter la moindre note en solo, si la standing ovation finale a au contraire incité un chef visiblement très reconnaissant et ému de se retrouver dans le lieu de l’obtention de son 1er prix il y a 4 ans à envoler un orchestre dans une fulgurante ouverture de Russland et Ludmila.
Passé un premier quart d’heure contemporain présenté par l’auteure en fin de résidence à Besançon et sensé réunir – Musubi signifie le lien, la réunion – assez difficile d’approche et d’une écriture plutôt hermétique, les quelques trente cinq minutes qui ont suivi ont marqué une nette différence entre l’orchestration et la partie soliste du concert d’Aram Khatchatourian. Qu’aurait été cette musique à l’esthétique d’un autre temps si l’on avait eu des interprètes de seconde zone ? On a peine à l’imaginer. Si David Oistrakh n’avait pas fait sienne cette partition, on n’en parlerait pas autant aujourd’hui.
Après l’entracte, une symphonie n°2 de Rachmaninov nous attendait, et les espoirs musicaux qui allaient avec. Sans doute la plus belle des trois, l’orchestre défendait avec ardeur son répertoire de cœur. De cette musique par moments extrêmement lyrique, dans les mouvements 1, 2 et 4, tout brille, tout sonne, tout s’enchaîne naturellement, tout a un sens. Les départs, les intentions expressives, le rapport étroit avec les instrumentistes, un travail d’orfèvre d’une redoutable précision. Dans l’Adagio, plus de baguette, les deux mains seules pétrissent la matière, et cessent presque de diriger pour laisser s’échapper l’envol lyrique. Et pourtant… La salle du Théâtre, bien trop petite et mal sonorisée, se faisait l’écho bien trop violent de fortissimos assourdissants. Les russes jouaient comme dans les grandes salles de leur pays, sans retenue. Il y avait donc décalage entre le rendu sonore et le lieu, entre une intention louable déterminée par l’excitation du concert et son inadaptation géographique. Dans cette relecture presque radiographique, on retrouvera une belle version, presque trop belle d’ailleurs. Une interprétation très à la mode dont on n’est pas sûr qu’elle défierait le temps gravée sur disque.
Crédit photographique : © musicalpix 2011
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Besançon. Théâtre. 28-IX-2013. Misato Mochizuki (née en 1969) : Musubi. Aram Khatchatourian (1903-1978) : Concerto pour violon. Sergueï Rachmaninov (1873-1943) : Symphonie n°2 en mi mineur op.27. Leonard Schreiber, violon. Orchestre symphonique de la Ville de Moscou-Philharmonique russe, direction : Kazuki Yamada