Pianos aux Jacobins : talentueux Ingolf Wunder et Kit Armstrong
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Toulouse, Cloître des Jacobins, 4 et 5-IX 2013. Le festival Piano aux Jacobins affirme dès le début de cette 34e édition son attachement pour les jeunes talents, avec Ingolf Wunder et Kit Armstrong. Deux musiciens très différents par leurs expressions, leurs approches et leurs répertoires, mais ayant une chose en commun : un grand potentiel ouvert sur le futur.
Le mercredi 4 septembre, Ingolf Wunder commence son récital avec les notes délicates de la Sonate « Clair de la Lune » de Beethoven. Au premier mouvement, le son est brumeux et sonne comme s'il livrait un secret dans un chuchotement ; cela exige parfois une écoute plus qu'attentive, tant l'émotion est retenue dans l'interprétation – ce qui accentue paradoxalement sa grande sensibilité – et surtout, parce que le pianiste a l'air tendu. Dans les mouvements qui suivent, ainsi que Chopin (Nocturne op. 9-3, Première et Troisième Ballades), cette tension est assez palpable, même s'il semble retrouver son jeu habituel à la fin de la Première Ballade. Dans la deuxième partie, le jeu est transformé et devient beaucoup plus sûr. Le Quatrième Impromptu de Schubert est animé d'une musicalité très fluide, Ständchen de Schubert/Liszt, rempli de lyrisme. Mais le meilleur arrive avec la Sonate en si mineur de Liszt. Il est vrai que malgré son dynamisme musical remarquable, les notes aux passages rapides en forte sont quelque peu submergées dans le volume, mais ce n'est pas si gênant, car le contraste avec d'autres pages calmes et posées est tel que cela crée un caractère dramatique tout à fait convaincant. En bis, Fantaisie impromptu de Chopin, Star Wars de John Adams (arrangement virtuose, un peu à la manière de Liszt, et quel arrangement !) et avec Clair de Lune de Debussy, la boucle est bouclée.
Le jeudi 5 septembre, une apparition très attendue de Kit Armstrong. Né en 1992, élève d'Alfred Brendel, reconnu également comme jeune compositeur talentueux (cinq Morton Gould Young Composer Awards de la ASCAP Foundation) ce musicien se fait encore trop rare en France. Dans son programme, il établit clairement un lien étroit entre Ligeti et Bach à travers Musica Ricercarta n° 1 à 7 puis 8-11 de Ligeti jouée au début de chaque partie, enchaînés aux Préludes et fugues en la mineur BWV 889 et 894, Sonate en trio n° 3 en ré mineur et plusieurs Préludes et chorales de Bach, avec de brefs commentaires du pianiste lui-même. S'il hérite de la rigueur de son mentor, il se livre dans un cadre musical strict à un véritable exercice de liberté. Son sens rythmique aigu, son jeu clair, ses gestes pianistiques extrêmement précis, font que des morceaux intériorisés de Bach deviennent plus que jamais excitants, ou plutôt, disons : « so exciting » ! Il est non seulement un excellent pianiste, mais un vrai musicien, rare et exceptionnel.
Photos : Ingolf Wunder © Patrick Walter/Deutsche Grammophon ; Kit Armstrong © June
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Toulouse, Cloître des Jacobins, 4 et 5-IX 2013. Le festival Piano aux Jacobins affirme dès le début de cette 34e édition son attachement pour les jeunes talents, avec Ingolf Wunder et Kit Armstrong. Deux musiciens très différents par leurs expressions, leurs approches et leurs répertoires, mais ayant une chose en commun : un grand potentiel ouvert sur le futur.