Purcell dans les jardins de William Christie

Depuis 2012 William Christie ouvre son jardin au public. Au nord du Marais poitevin, près de Sainte-Hermine, le célèbre fondateur des Arts Florissants a acheté une bâtisse, puis les terrains alentours, et en bon voltairien a cultivé son jardin. Un ensemble unique, mêlant styles français, anglais et italien, gazon et gravier, arbres fruitiers et arbustes, haies et prairies, et bien sûr l'inévitable pièce d'eau. Pendant une semaine le jardin est ouvert avec évidemment de la musique. Une promenade musicale faite de concerts de 15 minutes permet au public de déambuler l'après-midi dans la propriété et d'y entendre des airs de Purcell, une suite pour clavecin de Rameau, un madrigal de Marenzio ou une berceuse de Merullo dans un cadre enchanteur. En guise de mise en bouche, un extrait du concert du soir est donné à la fin de la journée sur les marches de la propriété. Puis direction le plan d'eau et sa scène flottante pour le concert final, consacré ce soir à Henry Purcell.

Les musiciens réunis à cette occasion, autour des solistes instrumentaux des Arts Florissants, sont les futures voix et futurs instrumentistes de demain, des jeunes chanteurs issus du « Jardin des voix » et de jeunes musiciens venus de la célèbre Juilliard School de New York. Le plateau réuni pour Come ye, Sons of Arts et Dido & Ænas ne souffre d'aucun déséquilibre. Citons notamment Emilie Renard (Dido), Victor Sicard (Ænas), Anna Reinhold (Sorceress) et Zachary Wilder (Sailor) parmi les solistes les plus remarquables. Malgré l'absence de panneaux réflecteurs qui font que le son se disperse un peu trop dans l'espace, la lecture de William Christie est à l'image des quatre enregistrements déjà faits de cet opéra : équilibre des plans sonores, variété de réalisation de la basse continue, travail exemplaire sur la prononciation et équilibre entre orchestre et chanteurs. Une aventure jardinière qui a priori ne manquera pas de se poursuivre dans les années à venir.