Itinéraire baroque en Périgord vert, la musique baroque se met au vert
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Vous aimez la musique baroque et rêvez de humer une fraîche odeur de verdure en pleine campagne ? Dans ce cas, le Festival Itinéraire baroque en Périgord vert est fait pour vous. Sous l'impulsion de l'organiste et chef Ton Koopman, ce festival propose, le temps d'un long week-end, un concentré de répertoires baroques connus et moins connus, dans de petites et grandes églises de la région.
Au programme, J.-S. Bach, Vivaldi, Telemann, Haendel, Frescobaldi, Buxtehude, Marais, etc., mais aussi Giovanni Paolo Cima (ca. 1570-1622), Constanzo Festa (ca. 1485-1545), Hermann Hollanders (ca. 1595-ca. 1640) et bien d'autres. Outre le concert d'ouverture du jeudi 25 juillet, sous le thème de « virtuosité et sentiments » par l'ensemble La Risonanza à l'abbaye de Brantôme, et celui de clôture intitulé « du printemps au crépuscule » du dimanche 28 juillet à l'église de Saint-Astier, par l'Amsterdam Baroque Orchestra dirigé par Ton Koopman, on peut assister à deux formules très intenses :
Le vendredi 26 juillet, quatre concerts et deux conférences (sur l'architecture et sur les théorbes) autour du Café baroque constitué de quelques stands installés toute la journée devant l'église abbatiale Saint-Cybard de Cercles, où les rencontres entre festivaliers, musiciens et organisateurs se font tout naturellement autour de vins et de produits régionaux.
Le samedi 27 juillet, c'est le clou du Festival Itinéraire baroque, avec six concerts d'une demi-heure chacun dans six églises différentes, dont le circuit atteint une cinquantaine de kilomètres au total. D'abord un concert d'accueil dès 9h45 à l'église de Saint-Privat-des-Prés, où Ton Koopman interprète sur l'orgue des œuvres, entre autres, de Sweelinck, de Frescobaldi et de Buxtehude. Le public divisé en cinq groupes prend ensuite le départ pour un circuit décalé.
Notre périple commence par l'église de Saint-André de Double, dont une grande partie fut construite au 14e siècle sur une base romane. La mezzo Anna Zander célèbre la vie, l'amour et la nature dans un récital de musique italienne (Caccini, De Rore, Frescobaldi, Kapsberger…), dont la célèbre Amarilli, mia bella. A l'église Saint-Sulpice de Roumagnac du 17e siècle, l'organiste Jan Kleinbussink exécute des pièces de J.-S. Bach et de ses élèves Johann Ludwig Krebs (1713-1780) et Gottfried August Homilius (1714-1785). Cet orgue hollandais, offert par un mécène en 1968, est trop grand par rapport à la taille de l'église, ce qui n'empêche nullement les mélomanes d'apprécier ses sonorités solennelles. Ensuite, à l'église de Faye érigée au 12e siècle, on continue avec Bach, mais cette fois, l'accent est mis sur ses descendants : Carl Philipp Emanuel, Johann Ernst, Wilhelm Friedemann… les morceaux joués ne sont pas toujours attribués à un compositeur de manière sûre. L'hautboïste Antoine Torunczyk et le bassoniste Xavier Zafra qui forment avec le claveciniste Chiaopin Kuo L'Accademia dei Dissonanti, font là la preuve de leur grande virtuosité.
Le quatrième concert de l'itinéraire se déroule à l'église Saint-Jean Baptiste de Combéranche, celle d'une ancienne commanderie des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, bâtie au 13e siècle. Les trois musiciens de l'ensemble Fantasticus y proposent trois trios de Leclair, Rameau et de Marais. Enfin, à 17h30, c'est la fin de l'itinéraire par l'Ensemble Les Cyclopes, sur les virtuosités italiennes d'Haendel, en l'église Notre-Dame de Bourg-du-Bost (d'origine romane dont l'architecture a évolué notamment aux 12e et 16e siècles).
Si le charme des musiques pour petite formation que nous avons entendues était irrésistible en ces murs anciens – qui peuvent contenir au maximum une centaine de personnes –, il est regrettable que leur espace soit trop restreint comparé au volume émis par certains solistes, et vice versa. Mais le plaisir de ce Festival réside avant tout dans l'association de la musique baroque à la nature et dans la découverte des lieux, ce qui est tout à fait réussi.