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Opéra de Québec. Salle Louis-Fréchette du Grand Théâtre de Québec. 25-VII-2013. Hector Berlioz (1803-1869) : La Damnation de Faust, légende dramatique en 4 parties. Livret du compositeur et d’Almire Gandonnière, d’après la traduction de Gérard de Nerval du Faust de Johann Wolfgang von Goethe. Mise en scène : Robert Lepage ; Remise en scène : Neilson Vignola ; Éclairage : Sonoyo Nishikawa ; Scénographie : Carl Fillion ; Costumes : Karin Erskine ; Chorégraphie danse : Johanne Madore ; Chorégraphie acrobatique : Alain Gauthier ; Vidéo : Boris Firquet et Holger Förterer. En collaboration ave Ex Machina. Avec : Gordon Gietz, Faust ; John Relyea, Méphistophélès ; Julie Boulianne, Marguerite ; Alexandre Sylvestre, Brander. Choeur de l’Opéra de Québec. Direction des chœurs : Réal Toupin. Préparation du choeur des enfants : Céline Binet. Orchestre symphonique de Québec. Direction : Giuseppe Grazioli
Le Festival d'opéra de Québec vient de franchir une nouvelle étape en proposant aux festivaliers une oeuvre pourtant réputée ardue, qui d'ordinaire, n'attire pas les foules même en saison régulière. C'est à guichet fermé qu'a eu lieu la première de la Damnation de Faust de Berlioz. Et il est à parier que les autres représentations se dérouleront dans des salles combles. C'est assurément, la meilleure production de l'Opéra de Québec à ce jour.
Une soirée merveilleuse, grâce à la magie d'une mise en images qui atteint la plénitude. Parmi toutes les versions scéniques existantes, sans doute, Robert Lepage est-il l'un des rares à trouver la clé qui ouvre la porte aux diverses interprétations, de toucher d'aussi près les étranges subtilités et de résoudre les nombreuses difficultés qui parsèment cette partition unique en son genre.
On comprend qu'un metteur en scène de la trempe de Robert Lepage ait pu relever un défi de taille en prenant à bras-le-corps une oeuvre qui, dès l'origine, n'avait pas été conçue pour une représentation scénique. D'ailleurs, la Damnation n'est pas, à proprement dit, un opéra. Cette fresque dramatique polymorphe en 4 parties n'a nul besoin d'une mise en scène pour exister. D'ordinaire, la version concert satisfait le mélomane. Le compositeur lui-même, après mûre réflexion, avait renoncé à franchir le pas et à en donner une version scénique.
Si la production de Robert Lepage et Ex Machina atteint une sorte de perfection conceptuelle, il en va tout autrement au chapitre des voix. Le ténor Gordon Gietz n'a ni le tempérament, ni la voix, encore moins la prestance qu'exige le rôle de Faust. On espérait beaucoup, peut-être trop de la mezzo-soprano Julie Boulianne. Il était sans doute prématuré pour elle de s'attaquer à un rôle de l'ampleur de Marguerite. On la sent un peu perdue, en endossant sur ses frêles épaules la fuyante Marguerite dans la Chanson gothique et son caractère insaisissable. Elle y parvient néanmoins avec plus ou moins de bonheur. L'aria, D'amour l'ardente flamme demeure bien sage, certes, sans pathos exagéré, mais sans frémissements. La basse John Relyea endosse le costume de Méphistophélès avec toute la noblesse et les subtilités qui lui incombe. Parmi les quatre protagonistes, il est le seul à donner pleinement vie à son personnage. Sous ses traits, nous avons droit à un Méphisto aguerri aux feintes, aux clins d'oeil et autres jeux de scène. Il est en tout point excellent, savoureux dans son discours fluide, dans ses interventions, toujours plein de nuances. Enfin, le baryton-basse Alexandre Sylvestre réussit à convaincre qu'il est un Brander de qualité, et sa Chanson du rat fait de l'effet.
Les chœurs de l'Opéra de Québec sous la direction de Réal Toupin sont excellents de justesse. Il en va ainsi du chœur d'enfants dirigé par Céline Binet.
Le chef d'orchestre ne parvient en revanche que rarement à donner pleine satisfaction dans une oeuvre aux rebondissements multiples, aux rythmes saccadés. Giuseppe Grazioli ne comprend rien à la musique de Berlioz. Et c'est bien dommage pour lui. Il ne sait pas ce qu'il manque.
Crédit photographique : © Louise Leblanc
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Opéra de Québec. Salle Louis-Fréchette du Grand Théâtre de Québec. 25-VII-2013. Hector Berlioz (1803-1869) : La Damnation de Faust, légende dramatique en 4 parties. Livret du compositeur et d’Almire Gandonnière, d’après la traduction de Gérard de Nerval du Faust de Johann Wolfgang von Goethe. Mise en scène : Robert Lepage ; Remise en scène : Neilson Vignola ; Éclairage : Sonoyo Nishikawa ; Scénographie : Carl Fillion ; Costumes : Karin Erskine ; Chorégraphie danse : Johanne Madore ; Chorégraphie acrobatique : Alain Gauthier ; Vidéo : Boris Firquet et Holger Förterer. En collaboration ave Ex Machina. Avec : Gordon Gietz, Faust ; John Relyea, Méphistophélès ; Julie Boulianne, Marguerite ; Alexandre Sylvestre, Brander. Choeur de l’Opéra de Québec. Direction des chœurs : Réal Toupin. Préparation du choeur des enfants : Céline Binet. Orchestre symphonique de Québec. Direction : Giuseppe Grazioli
2 commentaires sur “Québec : La Damnation de Faust, une mise en images bouleversante”