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Paris. Théâtre du Châtelet. 17-VII-2013. Les Etés de la danse : le Ballet de l’Opéra national de Vienne. Don Quichotte, ballet en un prologue et trois actes d’après quelques épisodes du roman de Cervantès. Chorégraphie et mise en scène : Rudolf Noureev, d’après Marius Petipa et Alexandre Gorski. Musique : Ludwig Minkus, arrangements de John Lanchbery. Décors et costumes : Nicholas Georgiadis. Avec : Maria Yakovleva, Kitri (et Dulcinée) ; Denys Cherevychko, Basile ; Ketevan Papava, la Danseuse des Rues ; Eno Peci, Espada ; Gabor Oberegger, Gamache ; Peter Karolyi, Lorenzo ; Thomas Mayerhofer, Don Quichotte ; Christoph Wenzel, Sancho Pança.
La 9ème édition des Etés de la Danse accueille cette année le Ballet de l'Opéra national de Vienne pour vingt-et-une représentations sur la scène du Théâtre du Châtelet. On rappellera que la troupe est actuellement dirigée par Manuel Legris, danseur étoile de l'Opéra de Paris que l'on ne présente plus. Laissons-lui la parole : « Quand, en 2010, j'ai pris la direction du Ballet de l'Opéra de Vienne, je me suis retrouvé à la tête de l'une des compagnies les plus prestigieuses, et riche d'une importante tradition de ballets […] Les danseurs de la compagnie sont jeunes, talentueux et avides de nouvelles expériences. Les différentes nationalités des danseurs apportent également une grande richesse et une touche spéciale à cette compagnie. »
Verdict en confrontant la troupe, ce soir, à un morceau de bravoure du répertoire, Don Quichotte, ballet créé par Marius Petipa en 1868 et remonté par Rudolph Noureev pour le Ballet de Vienne en 1966. Juste hommage, donc.
On regrettera en premier lieu que l'œuvre ait été donnée par le ballet de l'Opéra de Paris à l'Opéra Bastille au mois de décembre 2012 : l'effet de surprise en est forcément amoindri, et la comparaison inévitable entre les deux troupes.
La troupe viennoise n'a cependant pas démérité, loin de là ; la soirée fut en effet globalement très satisfaisante. On notera cependant quelques petits bémols.
Première déception s'agissant des décors, de facture grossière et réduits au strict minimum. Est-ce dû aux contraintes de la tournée ? Peut-être. Même simplicité du côté des costumes, de couleur trop criarde. On est loin de l'opulence qui caractérise habituellement les productions de Noureev.
L'autre déception, de taille, concerne le choix de l'interprète principale, Maria Yakovleva. Celle-ci ne nous convainc que moyennement en Kitri, malgré d'indéniables qualités techniques. Sa danse parfois trop sèche, ses équilibres abrupts, la brutalité de ses ports de bras, rien ne laisse transparaître dans sa performance le moelleux et la sensualité des belles espagnoles. Et pourtant, la demoiselle a beaucoup d'atouts dans son sac : un physique délicat et gracile, un port altier et une souplesse de gymnase. On sent la patte Vaganova à mille lieux. Et pourtant, la magie n'opère pas tout à fait. Mystère non résolu.
Son partenaire, Denys Cherevychko, se révèle un technicien virtuose, exceptionnel. Et on ne lui en demande pas plus (contrairement au rôle de Kitri qui requiert un certain investissement dramaturgique).
Le partenariat entre les deux solistes s'avère correct, mais sans plus. Pour les raisons décrites plus haut, leurs personnalités apparaissent plutôt mal assorties: Maria Yakovleva est une Kitri plutôt austère, lui est un jeune chien fou avide de prouesses techniques.
Le reste de la troupe fait montre d'une prestation plus qu'honorable. Mention spéciale à Ketevan Papava, la Danseuse des Rues et à Eno Peci, Espada, tous deux époustouflants. Maria Alati et Ioanna Avraam, qui interprètent les Deux Amies, nous charment par leur espièglerie. On déplorera cependant le manque de prise de risque dont elles font preuve durant les équilibres. Un sans-faute pour Olga Esina, magnifique en Reine des Dryades et Kiyoka Hashimoto, adorable Cupidon.
Le corps de ballet, tout feu tout flamme, tire son épingle du jeu avec un dynamisme et une vélocité qui font plaisir à voir. La scène du campement des gitans est formidablement interprétée. Si la troupe manque quelque peu d'homogénéité du fait d'individualités très différentes, le niveau global reste néanmoins très satisfaisant. Le Ballet de Vienne est une troupe avec un gros potentiel qui ne demande qu'à mûrir : Manuel Legris a pris les rênes de la direction il y a seulement trois ans de cela, et Rome ne s'est pas faite en un jour.
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Paris. Théâtre du Châtelet. 17-VII-2013. Les Etés de la danse : le Ballet de l’Opéra national de Vienne. Don Quichotte, ballet en un prologue et trois actes d’après quelques épisodes du roman de Cervantès. Chorégraphie et mise en scène : Rudolf Noureev, d’après Marius Petipa et Alexandre Gorski. Musique : Ludwig Minkus, arrangements de John Lanchbery. Décors et costumes : Nicholas Georgiadis. Avec : Maria Yakovleva, Kitri (et Dulcinée) ; Denys Cherevychko, Basile ; Ketevan Papava, la Danseuse des Rues ; Eno Peci, Espada ; Gabor Oberegger, Gamache ; Peter Karolyi, Lorenzo ; Thomas Mayerhofer, Don Quichotte ; Christoph Wenzel, Sancho Pança.