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Aix-en-Provence, Théâtre de l’Archevêché. 12-VII-2013. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Don Giovanni, dramma giocoso sur un livret de Lorenzo Da Ponte. Mise en scène et décors : Dmitri Tcherniakov ; costumes : Dmitri Tcherniakov et Elena Zaytseva ; lumières : Gleb Filshtinsky. Avec : Rod Gilfry, Don Giovanni ; Kyle Ketelsen, Leporello ; Kristine Opolais, Donna Elvira ; Paul Groves, Don Ottavio ; Maria Bengtsson, Donna Anna ; Anatoli Kotscherga, Il Commendatore ; Joelle Harvey, Zerlina ; Kostas Smoroginas, Don Ottavio. Estonian Philharmonic Chamber Choir, London Symphony Orchestra, direction : Marc Minkowski.
Reprise du très contesté Don Giovanni revisité par Dmitri Tcherniakov. Mais les huées de 2010 ont laissé place aux applaudissements.
Le metteur en scène en a profité pour revoir sa copie. Les profils psychologiques des personnages sont mieux dessinés, les liens les unissant deviennent plus évident et certains mouvements inutiles sont supprimés (Don Ottavio ne termine plus « Dalle sua pace » les fesses à l'air en train de violer Donna Anna).
Dans cette relecture du Don Giovanni, Tcherniakov fait de Don Ottavio, le personnage le plus falot et le moins utile dans l'action, l'élément central qui provoquera la chute de Don Giovanni. On reste sur l'histoire familiale : Le Commandeur est le PDG de l'entreprise, Donna Anna, Donna Elvira et Leporello sont les héritiers. Don Giovanni est le mari de Donna Elvira et compte bien récupérer les actions familiales, Don Ottavio est l'époux de Donna Anna et ne compte pas se faire dépouiller. Zerlina est la fille du premier mariage de Donna Anna, fiancée à Masetto, principal allié de Don Ottavio. La référence cinématographique à Vol au dessus d'un nid de coucou reste prégnante, avec ce Don Giovanni malade, dépressif, schizophrène, qui finit lâché par tous – y compris son fidèle Leporello. Don Giovanni pourfend l'ordre établi, prône l'amour libre, casse les codes, etc. La convention et les bonnes moeurs, portées par Don Ottavio, finissent par reprendre le dessus. On passe d'une morale judéo-chrétienne à une critique acerbe du paraître en vogue : pas de vagues et tout ira bien. Fidèle à l'esprit de Da Ponte, seule Donna Elvira éprouve encore des sentiments pour Don Giovanni, jusqu'à la dernière scène. On pourra cependant regretter la très fantaisiste traduction proposée en surtitrage, qui abonde en grossièretés qui a priori ne sont pas du fait de Da Ponte (briccone signifie « canaille » et non « petit merdeux », entre autre).
Coté musique, on n'arrive pas à une telle homogénéité. Sonya Yoncheva, prévue en Donna Elvira, a été remplacée en dernière mintute par Kristine Opolais. Rassurons nous, Mme Yoncheva va très bien puisque peu de temps après elle était toute pimpante pour le méga concert sous la Tour Eiffel. Kristine Opolais, déjà Donna Elvira en 2010, a gardé les mêmes défauts vocaux et la même incapacité à vocaliser. Maria Bengtsson est une Donna Anna honnête, qui assure professionnellement sa partie. En Zerlina Joelle Harvey est une belle découverte. Coté masculin on se défend mieux,malgré un Kostas Smoroginas au souffle un peu court en Masetto. Kyle Ketelsen, déjà présent et déjà triomphateur en 2010, confirme son excellence. Paul Groves ne peut être qu'un formidable Don Ottavio. Rod Gilfry, malgré une voix usée (mais on est loin de l'indigence vocale de Bo Skovhus), garde une présence scénique hors pair en séducteur sur le retour. Enfin le London Symphony Orchestra prête ses sonorités somptueuses, sous la direction de Marc Minkowski qui fait du … Marc Minkowski. Comme à l'accoutumée il prend la partition, la tourne, a retourne, voire la malmène. Dès l'ouverture les contrebasses sonnent dur, l'ensemble des graves envahit l'espace sonore, les articulations sont surexagérées au point de créer des déséquilibres. Et parfois de véritables moments de magie orchestrale se font, comme les airs « Dalle sua pace » ou « Vedrai carino« , le trio des masques et toute la scène finale de l'acte I. Une lecture musicale qui rejoint la lecture scénique : contestable, qui rue dans les brancards, mais qui reste logique avec elle-même.
Crédit photographique : Rod Gilfry (Don Giovanni); Rod Gilfry (Don Giovanni), Kostas Smoroginas (Masetto), Joelle Harvey (Zerlina), Kyle Ketelsen (Leporello), Kristine Opolais (Donna Elvira), Paul Groves (Don Ottavio), Maria Bengtsson (Donna Anna) © Patrice Berger / Artcomart
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Aix-en-Provence, Théâtre de l’Archevêché. 12-VII-2013. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Don Giovanni, dramma giocoso sur un livret de Lorenzo Da Ponte. Mise en scène et décors : Dmitri Tcherniakov ; costumes : Dmitri Tcherniakov et Elena Zaytseva ; lumières : Gleb Filshtinsky. Avec : Rod Gilfry, Don Giovanni ; Kyle Ketelsen, Leporello ; Kristine Opolais, Donna Elvira ; Paul Groves, Don Ottavio ; Maria Bengtsson, Donna Anna ; Anatoli Kotscherga, Il Commendatore ; Joelle Harvey, Zerlina ; Kostas Smoroginas, Don Ottavio. Estonian Philharmonic Chamber Choir, London Symphony Orchestra, direction : Marc Minkowski.