A Gaveau, La voix et le quatuor : pour mieux respirer la musique
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Paris, Salle Gaveau, 28-V-2013. Franz Schubert (1797-1828) : Am Bach im Frühling, Der Wanderer an den Mond, Im Frühling, Im Abendrot, Gretchen am Spinnrad ; Trio « Auf dem Strom » pour voix, piano et violoncelle ; Impromptu en fa mineur op. 142 n° 1 ; Sonate pour arpeggione et piano en la mineur D. 821 ; Franz Schubert / Johanna Doderer (né en 1969) : An Silvia, Dass sie hier gewesen, Der Zwerg, An die Musik. Angelika Kirchschlager, mezzo-soprano ; Philippe Cassard, piano ; Valentin Erben, violoncelle ; Quatuor Van Kuijk.
Suite à la première série de concerts en avril dernier sur le thème de « Modernité et création » au théâtre des Bouffes du Nord, au cours de laquelle Mademoiselle Else de Graciane Finzi (né en 1945) a été créée par Juliane Banse et Quatuor Voce, l'Association ProQuartet – Centre Européen de Musique de Chambre a organisé le deuxième cycle, « Schubert et l'esprit viennois » ; la série comprend cinq concerts, une masterclass publique et un atelier. Contrairement aux rencontres qui ont habituellement lieu en Seine et Marne, plusieurs manifestations « la voix et le quatuor » sont données à Paris depuis l'automne 2012, pour le 25e anniversaire de l'Association. Les deux interprètes principaux de la soirée, Valentin Erben, violoncelliste et membre fondateur du Quatuor Alban Berg, et Angelika Kirchschlager, la mezzo viennoise, tentent de transmettre la respiration et l'articulation des chanteurs aux instrumentistes et au public.
En effet, Schubert a composé des lieder en mettant au centre les paroles auxquelles il adapte l'aspect intellectuel des formes instrumentales. Dans ce concert d'ouverture de la série, le 28 mai, ce rapport entre la voix et l'instrument est nettement lisible aux premiers lieder : la chanteuse soigne la diction et le pianiste Philippe Cassard la met fortement en valeur tout en étant en retrait par rapport à la voix. Ils commencent de façon intimiste et prennent progressivement de l'ampleur pour atteindre la note sol (« sein Kuss ») de Gretchen comme l'apogée de ces cinq pièces. Dans la transcription de quatre lieder pour voix et quatuor à cordes, nous avons particulièrement apprécié An Silvia, dont les notes détachées de la main gauche du piano sont efficacement transcrites pour les pizzicati de violoncelle. Dans les trois autres morceaux également, le caractère des lignes mélodiques du chant est fidèlement suivi par l'accompagnement des cordes.
Après l'entracte, la relation voix-instruments devient encore plus claire. Dans l'Impromptu, le pianiste insiste sur la mélodicité vocale, plus souple et plus libre, sur un rythme cadré et régulier. Si dans la Sonate pour arpeggione on a une sensation de léger décalage sonore (parfois de hauteur de certaines notes) entre les deux instruments, dû en grande partie à la manière respective de les accorder, dans le Trio avec voix, tout devient harmonieux. Ce « décalage » qui doit exister tout autant que dans l'œuvre précédente se fond si parfaitement dans l'ensemble que cela ne s'entend plus du tout. Ainsi le but de la rencontre est-il atteint ; quand les instrumentistes, entrainés par la voix, respirent de la même manière qu'elle, naît une profonde fusion sur tous les plans : musique, son, sonorité et même des gestes lors de l'interprétation. Et cet effet « magique » doit beaucoup aux riches expériences du maître violoncelliste en tant que chambriste.
Photo : Valentin Erben © DR
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Paris, Salle Gaveau, 28-V-2013. Franz Schubert (1797-1828) : Am Bach im Frühling, Der Wanderer an den Mond, Im Frühling, Im Abendrot, Gretchen am Spinnrad ; Trio « Auf dem Strom » pour voix, piano et violoncelle ; Impromptu en fa mineur op. 142 n° 1 ; Sonate pour arpeggione et piano en la mineur D. 821 ; Franz Schubert / Johanna Doderer (né en 1969) : An Silvia, Dass sie hier gewesen, Der Zwerg, An die Musik. Angelika Kirchschlager, mezzo-soprano ; Philippe Cassard, piano ; Valentin Erben, violoncelle ; Quatuor Van Kuijk.