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Antonio Pappano met Genève à ses pieds

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Genève. Victoria Hall. 11-IV-2013. Giuseppe Verdi (1813-1901) : Ouverture de « La Forza del Destino ». Ernest Chausson (1855-1899) : Poème de l’Amour et de la Mer. Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) : Symphonie n°6 en si mineur « Pathétique », op. 74. Orchestra del’Accademia Nazionale di Santa Cecilia Roma, Marie-Nicole Lemieux (contralto). Direction : Antonio Pappano.

Paummm ! Paummm ! Paummm !…….. Paummm ! Paummm ! Paummm ! Les sonneries initiales des trombones de l'ouverture de La Forza del Destino claquent dans la salle du Victoria Hall. Trois appels déchirants. Trois appels qui, en quelques secondes, tétanisent l'auditoire. Trois appels qui scellent le drame verdien. Une infime pause, et les violons prennent pianissimo le relais. Dans l'instant, imprime son énergie et sa musicalité débordantes à un Orchestra del'Accademia Nazionale di Santa Cecilia Roma qui semble aux anges de se retrouver dans la musique qui, depuis de si nombreuses années, a fait sa réputation. Simplement, aujourd'hui, sous la magie de son nouveau chef titulaire, l'ensemble romain a acquit un son, un métier, une précision interprétative, une musicalité qui le place parmi les meilleurs orchestres symphoniques au monde.

ne se perd pas dans la mise en train de son orchestre avec une pièce d'échauffement. Il le prend à bras le corps. De tout son être, la gestuelle expressive, les bras, les mains, le visage s'engagent pleinement dans la musique. Ce qui pourrait paraître comme une gesticulation n'est que l'expression d'une promesse totale, du message délivré, de la générosité. Le public ne s'y trompe pas. A peine terminée ces premières huit petites minutes de musique pendant lesquelles le chef italo-anglais subjugue son auditoire en le tenant haletant que, le dernier accord lâché, ses harmoniques dissipées, le public explose. Huit petites minutes d'un bonheur musical total. Huit petites minutes d'émotion. Huit petites minutes pour un souvenir impérissable.

Le miracle de l'ouverture de La Forza del Destino se prolonge dans le Poème de l'Amour et de la Mer d'. Là encore, la superbe direction d'orchestre d' s'étale et enchante. Quelle superbe manière de confier la musique. Avec un orchestre capable des plus belles nuances, de couleurs orchestrales intenses, Antonio Pappano raconte la musique plus encore que les mots des poèmes de Maurice Bouchot. A les chanter, l'alto canadienne . De sa voix puissante, si elle offre un chant à la belle ligne vocale, peut-être pourra-t-on regretter qu'elle s'attaque à cette œuvre qui semble ne pas convenir idéalement à son registre de voix. Sa diction parfois inégale rend difficile la compréhension des mots. On se souviendra toutefois des ultimes vers de La mort de l'amour soudain inspirée nous réserve un très beau moment dans le dialogue de sa voix avec celle du violoncelliste soliste de l'orchestre.

En deuxième partie, on attendait avec impatience l'interprétation de la Symphonie n° 6 de Tchaïkovski. Encore une fois, l'orchestre romain démontre ses énormes capacités musicales, son aptitude à fondre ses pupitres sans à-coups, à glisser des cordes aux bois, et le talent de ses premiers solistes (quels merveilleux pianissimi de la clarinette et quel basson !) Mais, avec sa constante recherche de couleurs, de sensations dans sa conception de l'œuvre, Antonio Pappano semble s'écarter du discours profondément dramatique de la partition du compositeur russe. Un peu trop de soleil d'Italie dans la brume de Saint Pétersbourg !

Reste que, ovationné à juste titre, le triomphe d'Antonio Pappano, son talent, son engagement, sa générosité et son charisme débordant lui a permis de mettre Genève à ses pieds.

Après un très inspiré premier bis avec l'Adagio des Variations Enigma d'Edward Elgar, un deuxième bis avec l'ouverture de Guillaume Tell de Rossini clôture avec l'enthousiasme que l'on peut imaginer ce splendide concert.

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Genève. Victoria Hall. 11-IV-2013. Giuseppe Verdi (1813-1901) : Ouverture de « La Forza del Destino ». Ernest Chausson (1855-1899) : Poème de l’Amour et de la Mer. Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) : Symphonie n°6 en si mineur « Pathétique », op. 74. Orchestra del’Accademia Nazionale di Santa Cecilia Roma, Marie-Nicole Lemieux (contralto). Direction : Antonio Pappano.

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